Juan Branco © Daniel Fouray - Ouest-France

Rencontres avec Juan Branco sur le thème « De Wikileaks aux Gilets jaunes se révolter au XXIe siècle »

Insoumission

 

Dans la foulée de la sortie de son nouvel opus Crépuscule, le jeune avocat Juan Branco, qui a pris fait et cause pour les Gilets jaunes, s’invite à Marseille et Aix-en-Provence pour une causerie sur la révolte.

 

À l’heure où l’on écrit ces lignes, cela fait quatre mois et quatorze jours que la révolte des Gilets jaunes a débuté. Quatre mois et quatorze jours que des dizaines de milliers de Français se sont rassemblés spontanément dans l’espace public pour demander que pouvoir leur soit rendu. Quatre mois et quatorze jours que la vie de Juan Branco a basculé. Même si cette propension à se tenir là où il ne devrait pas n’a pas attendu l’éclosion du mouvement du 17 novembre pour se faire jour.

Fils de Paulo Branco, producteur portugais de films aussi fondamentaux que ceux de Manoel de Oliveira ou Raoul Ruiz, le garçon grandit à Paris et fréquente les établissements les plus huppés et élitistes de la capitale, à une époque où son père bénéficie des largeurs de la politique culturelle mitterrandienne. De l’école alsacienne à celle de la rue d’Ulm (l’École Normale), la trajectoire est ascendante et semble tracée d’avance. Direction les cabinets ministériels et la haute fonction publique. Sauf que non. Quelque chose dans le parcours du jeune homme fait qu’il ne sera pas un baby Macron.

En 2014, il intègre l’équipe juridique de WikiLeaks et mène les négociations, malheureusement infructueuses, pour l’obtention de l’asile politique en France de Julian Assange, refugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres. Un combat difficile puisque le lanceur d’alerte, qui a divulgué les crimes commis par l’armée américaine en Irak, est sous la menace d’une extradition vers les États-Unis.

L’accession à la Présidence d’Emmanuel Macron va pousser Juan Branco à préciser les contours de la lutte qu’il entend mener. Issu des mêmes sérails que le Président, il en connaît les arcanes ; lui aussi a poussé les portes dérobées des lieux de pouvoir et tutoyé la compagnie d’oligarques et de ministres mais ne s’y est pas attardé, préférant les chemins de traverse au confort d’une vie dans les palais de la République.

Dans Crépuscule, il lève le voile sur les ressorts d’une élection qu’il considère comme biaisée et dénonce un « viol démocratique », reprenant en cela le vocable de Macron qui affirme être entré à l’Élysée « par effraction ». Surtout, il révèle les collusions et petits arrangements entre Macron et ses très riches amis (Xavier Niels, Bernard Arnault…). Publié le 21 mars dernier grâce à la volonté de deux femmes fortes du monde de l’édition (Marion Mazauric et Vera Michalski), l’ouvrage s’est écoulé à 30 000 exemplaires en une semaine, preuve que ses prises de position radicales trouvent un écho parmi ceux qui ne se satisfont pas du récit calibré des médias. Assez naturellement, le jeune homme s’est rangé du côté des Gilets jaunes — il est l’avocat de Maxime Nicolle, l’un de ses leaders —, rejoignant ainsi une cohorte d’intellectuels, de journalistes ou de chercheurs qui s’opposent au système en place, de Denis Robert (qui signe la préface de Crépuscule) à François Bégaudeau, en passant par Fréderic Lordon ou encore les Pinçon-Charlot.

À Marseille et Aix, il vient causer révolte. Pas la révolte d’hier, avec les syndicats en tête de proue des cortèges, mais celle d’aujourd’hui, sous les balles de LBD et les grenades explosives. Crise, révolte, révolution ou jacquerie… Les mots n’ont pas manqué pour tenter de décrire ce mouvement protéiforme qui ne ressemble à aucun autre dans notre histoire. Pourtant, une chose est sûre, cette révolte inédite n’aurait pas pu prendre corps sans les réseaux sociaux, dont Juan Branco est bien évidemment lui-même friand.

Un homme à suivre donc, sur les réseaux sociaux ou en chair et en os à Marseille et/ou Aix ce mercredi.

Emma Zucchi

Rencontres avec Juan Branco sur le thème « De Wikileaks aux Gilets jaunes se révolter au XXIe siècle » : le 3/04 au Théâtre Toursky (16 promenade Léo Ferré, 3e) et à la Librairie Goulard (Aix-en-Provence).

Rens. : www.toursky.fr / www.librairiegoulard.com

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