Rencontres Abya Yala de cinéma amérindien

Rencontres Abya Yala de cinéma amérindien

En terre indienne

Les Rencontres de cinéma amérindien investissent, pour leur première édition, une grande partie de la région, de Forcalquier à La Ciotat, en passant par le Dakiling, l’Equitable Café et le Polygone Etoilé à Marseille, pour nous proposer l’un des plus beaux voyages cinématographiques du moment.

Cine-Cine-Abya-Yala---el-re.jpgLa structure Apatapelà propose sans doute la plus belle surprise cinématographique de cette rentrée, invitant le spectateur à parcourir les terres amérindiennes, du Chili au Canada, à travers une poignée de films sublimes empreints de rencontres, de femmes, d’hommes, d’histoires, et bien sûr, de luttes. Les nombreuses soirées précédemment organisées par l’association, ainsi que par d’autres structures militantes, ont permis de percevoir l’extraordinaire richesse du fond audiovisuel concernant les combats des trois Amériques. Des Mapuches chiliens au peuple algonquin du nord, des très médiatisées luttes zapatistes en faveur des Indiens du Chiapas au peuple quechua des Andes boliviennes, tous ont en commun cette démarche fondamentale, et particulièrement pertinente, d’avoir adopté la vidéo comme moyen d’expression universel. Elle devient ainsi le témoignage, en permanente évolution, des combats menés contre le rouleau compresseur d’une répression sans cesse renouvelée. Ces rencontres Abya Yala — nom donné à l’Amérique par les nations indigènes — vont nous permettre, sur une dizaine de jours, d’en embrasser un large panorama, évidemment non exhaustif, mais suffisamment éclectique pour nous familiariser avec les luttes indigènes. S’associant à Clacpi et Terres en vue, deux organisations fondamentales des continents américains, à l’origine de deux des plus importants festivals sur les peuples indigènes, Apatapela choisit ici de programmer une vingtaine de films, parfaitement répartis entre l’Amérique du Sud et l’Amérique du Nord. Concernant la première, le peuple mapuche y est largement représenté avec quatre films abordant les luttes et autres revendications territoriales de cette communauté particulièrement touchée par la répression gouvernementale. Jeanette Paillan, cinéaste mapuche chilienne, sera d’ailleurs du voyage pour nous présenter Wallmapu, superbe témoignage de ce « conflit mapuche », comme le définissent les autorités chiliennes, lors de la soirée de clôture au Polygone Etoilé. Citons également ce Cadeau de la Terre Mère (voir photo), film photographiquement somptueux, curieusement réalisé par le Japonais Toshifumi Matsushita, qui nous invite dans les hauteurs des Andes boliviennes, le long de la route du sel. D’autres luttes, d’autres peuples — des Aymara aux Ye’kuana — sont abordés au sud, remontant jusqu’aux combats mexicains, avec cette soirée spéciale au Dakiling sur les conditions de vie des communautés indiennes prises en étau entre narcotrafiquants et milices gouvernementales (en l’occurrence dans l’Etat du Guerrero), en présence du très actif réalisateur mexicain Carlos Perez Rojas. Apatapela n’est pas en reste concernant l’Amérique du Nord, et particulièrement tous les peuples existant sur les terres canadiennes. De nombreux films viennent nous sensibiliser aux luttes des communautés innues ou algonquines, dont Le Peuple Invisible ou encore L’amendement de Kevin Papatie, projeté en sa présence, qui lui-même a fait l’expérience de la Wapikoni Mobile, studio itinérant de création audiovisuelle au service des communautés autochtones. Les luttes développées dans cette programmation deviennent alors les témoignages privilégiés des combats menés contre l’uniformisation d’un nouvel ordre mondial.

Emmanuel Vigne

Rencontres Abya Yala de cinéma amérindien : jusqu’au 7/11 dans huit villes de la région PACA. Rens. 04 91 90 89 21 / www.apatapela.org