Radiohead aux arènes de Nîmes

Radiohead aux arènes de Nîmes

Radiophare

Radiohead n’a pas besoin de promo pour remplir en quelques heures, et par deux fois, les arènes de Nîmes. Ceci est donc un acte purement gratuit, qui s’inscrit dans la logique d’un groupe dont l’intégrité, l’élégance et la sincérité forcent le respect.

radiohead.jpgAccepter l’idée que Radiohead est le plus grand groupe du monde à l’heure actuelle ne veut pas forcément dire qu’il est le meilleur, ni même votre préféré. Il est le plus grand pour une raison simple : c’est celui qui associe au mieux réussite artistique et succès populaire. C’est un constat. Pas nécessairement un avis partagé (il y aura toujours des gens pour cracher sur ce groupe, et c’est très bien comme ça). Mais voilà : Radiohead est la seule formation majeure des années 90/00 dont on puisse aujourd’hui dire à coup sûr qu’elle appartient à l’Histoire. Dans dix ans, on parlera de Radiohead comme nos parents parlaient des Beatles ou du Floyd : une formidable machine à rêve, une révolution en marche. Un groupe en prise directe avec son époque, avec la réalité du monde qui l’a vu naître, et donc avec son public. Tellement de choses à dire. A partager. Radiohead, c’est juste une belle histoire, à la différence près qu’elle est vraie. Un groupe qui piétine au départ sous les quolibets de la presse musicale anglaise (Pablo Honey), qui relève la tête en sortant son premier classique (The Bends), qui devient énorme tout en gardant la tête sur les épaules (OK Computer), s’offre une crédibilité en béton armé après une totale remise en question (Kid A), aurait tout autant pu enregistrer un double album anthologique (Amnesiac), affirme sa dimension politique à l’heure où plus personne n’agit concrètement (Hail to the thief) et provoque un séisme sans précédent pour envoyer paître le système (In Rainbows). Radiohead, ce n’est donc pas juste de la musique : c’est une conception du monde vu à travers le prisme musical. Alors parlons de ces deux dates qui arrivent à Nîmes, superbe écrin qui les avait accueillis pour un concert unique il y a cinq ans. Sold-out en quelques heures, bien sûr. Engouement hallucinant, massif : quand Radiohead donne un concert, il se passe quelque chose qui va au-delà de la relation à la musique – mais ce n’est pas une « messe » à proprement parler. Ces gens-là sont beaucoup trop lucides pour espérer une intervention divine : ils ne prêchent pas, ils sont juste ton prochain qui te donne de l’espoir. Lorsque les cinq Anglais se déplacent avec leur staff à travers le globe, ils font tout ce qu’ils peuvent pour réduire au maximum l’empreinte écologique de la tournée. Roulent au bio, se passent de la clim’, incitent au co-voiturage sur leur site internet – ce fantastique outil qui les a courageusement vus prendre la tangente pour se placer, une fois encore, à hauteur d’homme. L’industrie du disque vous prend pour des billes depuis l’apparition du CD ? On va passer à autre chose : c’est vous qui allez décider. Histoire de remettre les choses en place, parce que nous pouvons le faire, parce que nous nous sommes donné les moyens d’en arriver là. Et si jamais nous nous méprenons, si jamais nos actions en arrivent à desservir nos semblables, alors nous essaierons autre chose, nous réajusterons… Pendant ce temps-là, EMI, leur ancienne maison de disques, balance en tête de gondole un best-of décliné à toutes les sauces (CD, DVD, éditions limitées…). Radiohead n’a jamais voulu sortir de « best-of » : le meilleur, c’est ce qu’il donne, pas ce qu’il vend. De fait, le cachet pharaonique demandé pour cette nouvelle tournée n’est que la résultante d’un système qu’il s’emploie toujours à contourner du mieux qu’il peut, et pas seulement pour la beauté du geste. Joignez-y le vôtre et vous comprendrez peut-être qu’il n’y a que deux choses qui puissent vous sauver dans ce bas monde. La musique est l’une d’entre elles.

PLX

Les 14 et 15 aux arènes de Nîmes (complet)
www.radiohead.fr