Slogans par la Cie Travelling & Co © Vincent Bosc

Question de danse à Klap, maison pour la danse

Klap de début

 

Question de danse entre dans sa phase de maturité. D’abord initiée en partenariat avec le Festival de Marseille, puis avec Dansem et le Théâtre des Bernardines, la manifestation a trouvé un domicile fixe avec la réalisation de Klap, un bâtiment dédié à la danse contemporaine et conçu sous l’impulsion de la compagnie de Michel Kelemenis.

En avant-première, l’invitation en résidence du chorégraphe Hervé Robbe, pour la finalisation de sa création Slogans, annonce les ambitions futures de Klap. D’abord parce qu’Hervé Robbe est un auteur connu et reconnu qui a dirigé pendant douze ans le Centre National Chorégraphique de Haute-Normandie (Le Havre). Son passé de danseur à la Mudra sous la direction de Maurice Béjart nous donne déjà un indice sur le travail en cours : le placement des pieds, l’angle des mains, la tenue du bassin, la capacité à tenir les cinquante minutes de l’Opus 56 de Beethoven. Slogans se veut une réflexion sur les messages publicitaires des villes, le phrasé, la brièveté, la juxtaposition. On entre dans une accélération des trajectoires et un jeu du logo dessiné par les mains, mais on en ressort avec un sentiment de vide, comme si le contenu et la forme résistaient au monde d’aujourd’hui. Parce que le capitalisme a abandonné le règne du logo, trop souvent détourné, pour épouser le storytelling (le mythe de la success story). On le dit très souvent dans ces pages, le parlé, le marché et l’intervention du synopsis ne sont pas seulement un désir de posture, mais en premier lieu une affaire de politique. Parce qu’il s’agit de tout déconstruire sans rien perdre du passé pour mieux aborder les contradictions de l’individu, la gloire du mensonge et l’état d’un monde à la limite de la violence et qui pousse la danse à reconsidérer chaque jour son rapport au théâtre et au cinéma. Dès lors, on ira voir avec beaucoup de curiosité Les Portes pareilles d’Eugène Rebetez, chorégraphe suisse qui porte une grande attention au souci de soi pour mieux aborder les facettes du one man show et la transe que procure la révélation de ses émois en public. Sans oublier Rita Cioffi avec J’ai besoin d’un toit, mais j’ai envie du Château de Chambord, qui tente de mettre en scène des poèmes écrits au cours d’ateliers par des hébergés du Samu social de Paris.

Karim Grandi-Baupain

Question de danse : jusqu’au 10/11 à Klap, maison pour la danse (5 avenue Rostand, 3e).
Rens. 04 96 11 11 20 / www.kelemenis.fr