Chaylla de Clara Teper et Paul Pirritano

Projections plurielles

La cité des femmes

 

La seconde édition de la manifestation Projections Plurielles, cette année coordonnée par le Videodrome 2, s’étendra du 8 au 12 mars au sein de neuf salles de Marseille et ses environs, pour un programme remarquable, tissant les pistes d’une réappropriation de l’espace public par les femmes.

 

 

Si le mois de mars reste, dans l’année, le point d’orgue de manifestations diverses mettant en lumière l’ensemble des luttes pour les droits des femmes, ces combats s’organisent évidemment sans relâche, et tout est bien loin d’être acquis, concernant l’égalité des genres, l’abolition du patriarcat et les multiples expressions de la domination masculine. Une domination qui s’exprime entre autres au sein même de la cité, de l’espace urbain commun, où les inégalités, voire l’exclusion des femmes du droit à la ville, sont particulièrement patents, comme en témoigne l’histoire de l’humanité, de Carthage au Paris de la Commune. Et ce jusqu’aux noms même des rues, qui illustrent impunément, par leur absence, les grandes oubliées de l’histoire. L’espace urbain est ainsi politique. Et c’est ce qu’illustrera magistralement la seconde édition de la manifestation cinématographique Projections Plurielles, du 8 au 12 mars. Coordonné et programmé par Claire Lasolle et le Videodrome 2, dans neuf salles partenaires de Marseille et ses environs, l’événement offre une sélection de films et de rencontres particulièrement passionnante ! À commencer, à l’Eden de La Ciotat, par l’avant-première de Dalva, premier long-métrage d’Emmanuelle Nicot, poignant portrait d’une enfant de douze ans, dont l’histoire bouleverse celles et ceux qui l’accompagnent. Dorothée Dussy, anthropologue et directrice de recherche au CNRS, mènera alors les échanges à la suite de cette séance. Autre partenaire de ce nouveau volet de Projections Plurielles, le FID présentera, au Videodrome 2, la séance de l’opus de Nikola Spasic Kristina, cheminement intérieur de ce personnage transgenre, travailleuse du sexe en Serbie. Une œuvre qui reçut, par ailleurs, le prix du Premier Film lors de l’édition 2022 du fameux festival phocéen. C’est également non sans plaisir que nous retrouverons la cinéaste Lucie Borleteau, dont nous reste en mémoire le lumineux Fidelio, l’odyssée d’Alice, ou Chanson douce, et qui accompagnera au Gyptis son dernier opus, À mon seul désir. En filant à l’ouest de l’Étang de Berre, deux cités accueillent également l’événement : Martigues d’une part, où le cinéma La Cascade invite le cinéaste Frank Cassenti ainsi que les musiciennes de son dernier film, Le Journal d’une jeune femme sourde, documentaire qui retrace avec finesse le parcours de Lily, expérimentant la body-bass au sein d’un groupe de musiciens entendants. À quelques encablures, le Méliès de Port-de-Bouc proposera quant à lui la séance du beau film de Clara Teper et Paul Pirritano Chaylla, récit poignant de quatre années de vie d’une jeune femme tentant de se libérer d’une relation conjugale violente. Une séance qu’accompagnera l’association V.I.E au Féminin, qui proposera en mars, dans la cité port-de-boucaine, un riche programme sur toutes les luttes pour les droits des femmes. Citons par ailleurs, à l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence, la belle projection du film de Binka Zhelyazkova Nous étions jeunes, accompagnée d’Eugénie Zvonkine, historienne et critique de cinéma. La cinéaste bulgare est reconnue comme étant la première réalisatrice du pays, et a signé quelques-unes des plus belles pages du cinéma européen, aujourd’hui restaurées en copies numériques. Enfin, d’autres œuvres viennent enrichir une programmation particulièrement pertinente, de Visión Nocturna à Jeanne Dielman 23, Quai Du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman, véritable chef d’œuvre des années 70.

 

Emmanuel Vigne

 

Projections plurielles : du 8 au 12/03 à Marseille et ses environs.

Rens. : www.videodrome2.fr/projections-plurielles/

Le programme complet des rencontres Projections plurielles ici