Prix Mourlot 2011 : jusqu’au 8/10 à la Galerie de l’ESBAM

Prix Mourlot 2011 : jusqu’au 8/10 à la Galerie de l’ESBAM

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« C’est une grande joie ! »

L’exposition des quatre finalistes du Prix de Peinture Mourlot 2011 à la galerie de l’ESBAM permet de prendre le pouls d’un art qui se renouvelle toujours et encore, s’imposant comme un intarissable médium …

Dans La Carte et le Territoire, Michel Houellebecq campe le personnage d’un artiste qui se fraye une place dans le milieu de l’art contemporain, entre Jeff Koons et Damien Hirst. L’auteur choisit de faire de Jed un peintre, en déroulant tout au long du roman l’idée sous-jacente que la peinture reste le médium premier. A la question « Compte tenu de tous les médiums possibles aujourd’hui, pourquoi choisir la peinture ? », Julie Dawid répond : « Parce que c’est une grande joie ! » C’est même une joie perceptible, et communicative quand on regarde les compositions de l’artiste, agencées comme un puzzle où les couleurs fusent et nous ramènent à ce qui l’anime : le monde végétal, le monde animal, quelque chose d’originel, de primitif, qu’elle retrouve en peignant à même le sol.
Les formes muettes aux couleurs sourdes de Jérémie Delhome ont su séduire les membres du jury, qui en ont fait le lauréat de cette onzième édition. On ne prend conscience de l’étrangeté de ses œuvres qu’à la deuxième lecture. Le peintre joue sur les codes de représentation, décontenançant notre regard au fur et à mesure que la chose représentée nous échappe, parce qu’elle n’est pas identifiable… Le travail des couleurs aux correspondances de tonalités improbables et, surtout, les jeux de lumière, viennent renforcer l’incongruité du sujet. Ils constituent surtout pour Jérémie Delhome le lieu de ses recherches picturales, qui évoluent récemment vers des effets de textures, de matières, des préoccupations tournant autour de la surface de sa peinture.
Nous reverrons sans doute très vite les grands formats aux sujets solennels de Claire Tabouret, qui vient de se voir décerner le prix Berwin à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Enfin, il nous tarde de revoir les enfants turbulents de David Lihard (découvert grâce au Prix Mourlot), sujets d’une peinture qui lie un sens accru du cadrage et de la composition, un sens poétique des couleurs, et qui évite avec brio la mièvrerie dans laquelle ils pourraient la faire choir…

Texte : Céline Ghisleri
Photo : Marseille 2010 de Jérémie Delhome

Prix Mourlot 2011 : jusqu’au 8/10 à la Galerie de l’ESBAM (40 rue Montgrand, 6e). Rens. 04 91 90 68 90 / galeriemourlot.free.fr