Presse à billets

Presse à billets

Vous raconter que quelques milliardaires se partagent la quasi intégralité des médias français ne fera que rafraîchir la mémoire. Cette triste réalité de la tenue en laisse courte de la diffusion de l’information ne date pas d’hier. Mais si on ajoute à la description de cet oligopole le montant des aides publiques directes que chacun contribue à distribuer à ces mêmes « patrons » de presse, on est un peu bégueule. Mediapart et la Cour des comptes de refaire les calculs de la presse peu indépendante. 80 millions d’euros d’aides distribuées en 2016 sont venues subventionner les titres comme Le Parisien et Les Échos de Bernard Arnault (12,3 millions), Libération, l’Express dans les mains de Patrick Drahi (7 millions d’euros), Le Figaro et la voix de son maître, Serge Dassault (5,7 millions), Le Monde, appartenant au désormais duo Xavier Niel et Matthieu Pigasse (5 millions), ou les 4,7 millions attribués aux titres détenus dans la presse régionale par une banque, le Crédit mutuel. Que des nécessiteux ! Et ce n’est pas tout. Outre les aides d’État, les « partenariats » avec Facebook ou Google pourrait finir de leur coûter leur indépendance. En achetant du contenu contre grasse rémunération, les géants d’internet pourraient tenir les journaux par le portefeuille, là ou leurs proprios les tiennent déjà par les couilles. Sans ces bouées, c’est simple, ils coulent tous. Les journaux en ligne ne touchent rien des subsides d’État, et la presse pas pareille, toujours exsangue, réinvente tous les jours sa survie. En toute transparence, Ventilo ne bénéficie d’aucune de ces aides directes à la presse, malgré ses 15.000 exemplaires tirés toutes les quinzaines. Et c’est la Cour des comptes qui s’en émeut. Le contrôleur critique vertement le système actuel quand il ne subventionne quasi exclusivement que la presse papier établie, oubliant les nouveaux modèles de création d’information, et la « neutralité de l’action publique entre les différents vecteurs de diffusion » et le « soutien public au pluralisme ». Ça mange pas de pain.

 

Victor Léo