Portrait : Mafalda da Camara (Buchinger’s Boot Marionnettes)

Portrait : Mafalda da Camara (Buchinger’s Boot Marionnettes)

Buchinger.jpg

Les mécano-dramatiques

A l’occasion de la programmation de Yaga’s Fire par le Théâtre Massalia, Mafalda da Camara, initiatrice des Buchinger’s Boot Marionnettes, nous ouvre les portes de son « cabinet de curiosités » et évoque sa prochaine création, Petrology.

Près de la Porte d’Aix, mais loin de son tohu-bohu, il existe un atelier sombre et frais : le Livery. Empli de prototypes d’une autre ère, il tient du débarras forain comme du laboratoire de Pataphysique. Et Mafalda aime à l’appeler « cabinet de curiosités ». Cet esprit, la compagnie le revendique par son nom même. Car Buchinger est à lui seul déjà une étrangeté. Surnommé le « Petit homme de Nuremberg », cet illusionniste du XVIIIe siècle n’atteignait pas les quatre-vingt centimètres et était né — dit-on — sans mains et sans jambes. Il n’empêche qu’il émerveillait par la magie de ses tours et impressionnait par la précision de ses gravures. Comme lui, les Buchinger ont le goût de l’itinérance : « On squatte, on monte, on travaille et on bouge ». L’invitation de deux amis et ce « vieil esprit » du théâtre ambulant les conduisent ainsi d’une ferme perdue dans les montagnes de Catalogne aux anciens marais de La Capelette marseillaise. Deux mois plus tard, la police les déloge de leur nouveau squat. Ils sont alors « recueillis » aux Abattoirs par Jonathan Sutton et son Théâtre Acrobatique. Puis Félix et Chantal de L’Embobineuse les programment. Parmi les spectateurs, une personne de la Ville leur ouvrira bientôt les portes du Livery… Aujourd’hui, dans leur antre, la « curiosité » du moment, c’est une langue gigantesque montée sur roulettes. Et quand Mafalda l’actionne, elle se déploie en une inquiétante reptation. Ce mouvement est celui de l’« avidité » monstrueuse parce que, « à force de surconsommation, on est occupé sans cesse à alimenter la machine du désir insatiable. » Cette effroyable « machine du désir » sort tout droit des Bancs Publics, qui ont accueilli la troupe en résidence pour sa future création : Petrology. Absorbés dans ce nouveau projet, ils n’envisagent d’ailleurs aucune participation à Marseille Provence 2013 qui, de toute façon, sera « commercial ». Radicalement différent de leurs précédents spectacles, Petrology présentera des « tableaux vivants » dans une perspective « expérimentale » et sous la forme de « performances ». Toutefois — qu’on se rassure —, on devrait retrouver dans ce théâtre contemporain l’humeur foraine des Buchinger.

Texte et photo : Capucine Vignaux

Yaga’s Fire : du 7 au 11/06 au Petit Théâtre de la Friche la Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e). Rens. Théâtre Massalia : 04 95 04 95 70 / www.theatremassalia.com

Petrology : les 8 et 9/12 à la Gare Franche (7 chemin des tuileries, 15e). Rens. 04 91 65 17 77