Ponts suspendus © sic12

Ponts suspendus au Théâtre du Merlan

Fragments d’une chronologie

 

Pour toutes celles et ceux qui ont rêvé que le théâtre et la danse ne fassent plus qu’un, le Merlan présente pour trois soirées la création Ponts suspendus de Gustavo Giacosa. Un objet rare où l’inventivité de la forme ouvre un champ infini.

 

La culture, c’est la nature de l’homme, parce que l’humain n’est pas une bête, mais un être qui au regard de sa condition peut retourner à l’état sauvage s’il côtoie la précarité. Dès lors que le cinéma se comporte comme une industrie, le théâtre a vite compris qu’une vérité existe dans l’économie des moyens. En asséchant les possibilités, il ouvre une introspection sur la condition de l’interprète, qui devient le véhicule d’une parole, d’une position de pied, d’un changement de costumes et d’une posture dans un même instant. Cette concentration des moyens est l’essence du travail de Gustavo Giacosa. Ponts suspendus aborde l’éloge de l’individu entre deux rives, là où le panorama devient grandiose et où la ligne d’horizon nous appartient. Le corps devient le pont d’un autre corps, entre le sacré et le profane, il démultiplie des tableaux où la nudité de la Renaissance et les contradictions du Vatican se regardent par le prisme du XXIe siècle : dans un déroulé sans fin, où seul le chant du coq peut nous ramener les pieds sur terre. Comment percer l’imaginaire de l’auteur, d’où vient cette profusion d’images ? Gustavo Gicosa pose les bases d’un travail qui ouvre les portes du cosmos. Loin des images de Gravity et beaucoup plus proche de l’art brut et de l’inconscient d’une Italie qui, dans ses pires heures, n’a eu cesse de se réinventer dans son cinéma et son théâtre. Dans cette formidable insistance sur le travail et la présence de l’autre, il met un grand coup de pieds dans l’ère du numérique et la silhouette virtuelle, pour mieux se rapprocher de l’étranger et affirmer avec force qu’on ne vit pas seul.

Karim Grandi-Baupain

Ponts suspendus : du 13 au 15/03 au Théâtre du Merlan (Avenue Raimu, 14e).
Rens. 04 91 11 19 20 / www.merlan.org