Ply de Yuval Pick © Pierre Gondard

Retour sur Ply de Yuval Pick, dans le cadre du Festival Les Musiques

Mise en Ply

 

Le Gmem et Klap présentaient Ply du chorégraphe Yuval Pick, dans le cadre du festival Les Musiques. L’occasion de découvrir une association qui fait tilt entre la musicienne Ashley Fure et une danse qui remonte l’histoire du mouvement.

 

Yuval Pick s’est formé à la Batsheva Dance Company, créée en 1964 par Martha Graham et dirigée depuis 1990 par Ohad Naharin. Cette institution est devenue une place forte de la danse contemporaine, dans sa recherche perpétuelle sur la question du geste. A l’opposé de la création flamande qui tente de rapprocher le théâtre et la danse, en associant le geste à la parole, la danse israélienne tisse des liens étroits avec la modern dance, où la respiration et le mouvement du bassin révèlent l’être dans son essence et son intériorité. De Martha Graham à Yvonne Rainer, la modern dance questionne l’authenticité du geste, retrouvant les jeux de l’enfant pour mieux élaborer un réseau d’attitudes qui emmène l’adulte vers des trajectoires inconnues. Yuval Pick travaille avec cinq danseurs ; ce choix volontairement restreint est une manière de limiter la palette des couleurs, pour mieux poser ses glacis et retrouver une profondeur de champ à même de captiver le regard. En associant sa danse à la partition minimaliste d’Ashley Fure, un réseau d’accords et de lignes remplit délicatement l’espace. Le moindre recoin est dépoussiéré, les écarts de bras et de pieds remontent un tempo où la dissonance dicte le pas à suivre. Tout est construit dans une retenue qui concentre l’énergie sur des jeux de verticales. Le déséquilibre et les arabesques deviennent des écarts de norme qui scintillent dans un espace épuré. Dans ce dessin en perpétuelle évolution, l’abstraction devient le maitre mot d’un jeu déployant des intensités d’énergie fluctuantes, utilisant les corps à tour de rôle pour mieux les rassembler et les confronter. On se pose évidemment la question d’une narration qui devient énigmatique, on rentre dans une intériorité proche de l’extase et de l’introspection. Un ensemble qui déploie un charme discret où tout se bouscule délicatement, sans crier fort, à la manière d’une palette impressionniste.

Karim Grandi-Baupain

 

Ply de Yuval Pick était présenté le 19/05 à KLAP, dans le cadre du Festival Les Musiques.

Pour en (sa)voir plus : www.ccnr.fr