Retour de Scène | Pierre de Bethmann au Petit Duc

Transe bleue

 

Durant ces longs mois d’arrêt, le Petit Duc, scène jazz aixoise, a poursuivi ses activités de diffusion via la retransmission en direct d’une belle série de concerts suivis de chats avec les artistes via sa chaîne Petit Duc Web. Début mai, c’est le pianiste claviériste Pierre de Bethmann, P2B pour les intimes, qui se prêtait au jeu avec son nouveau quartet. Retour.

 

 

Renouant avec l’écriture après plusieurs livraisons de ses Essais en trio consacrés à la relecture de standards (de jazz, mais aussi de la chanson), le leader n’en est pas à son coup d’essai en la matière (on sait toute sa pertinence à la tête du tentet Medium Ensemble).

Avec des compositions pour la plupart inédites, répondant aux doux noms de Paradise, Green ou encore Complexe, il déploie un sens lyrique et groovy, dans une interaction très naturelle avec les membres du groupe. Ainsi de la complicité assumée avec le batteur Antoine Paganotti (quel sourire !), des échanges spirituels avec le saxophoniste David El Malek ou encore du jeu en miroir avec le contrebassiste Simon Tailleu. L’usage raisonné d’un synthétiseur en plus de l’excellent piano du lieu donne une saveur douce-amère au propos d’ensemble.

Orchestrant des détours et une profondeur de jeu qui plongent l’auditeur dans un labyrinthe d’émotions mystérieuses, le groupe déploie des séquences lorgnant vers la transe. On a vraiment la sensation que les musiciens sentent le public par-delà les écrans, comme dans une sorte d’« ésotérisme numérique » (pour reprendre quelques mots que le leader a utilisé pendant le chat qui a suivi le concert). Peut-être est-ce là quelque magie du jazz ? Ce fut en tout cas celle de ce groupe ce soir-là.

 

Laurent Dussutour

 

 

Pour en (sa)voir plus : www.lepetitduc.net