PhotoMed à Sanary-sur-Mer.

PhotoMed à Sanary-sur-Mer.

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Sanary-photo dans les îles

PhotoMed, festival de la photographie méditerranéenne de Sanary-sur-Mer, est l’occasion d’admirer des œuvres dans un écrin bien ensoleillé, au sens propre comme au sens figuré. Quand la beauté des paysages répond à la qualité des œuvres exposées…

L’ouverture au monde passe notamment par le regard que l’on porte d’une côte maritime vers l’horizon, mais aussi par les réflexions et émotions qu’induit la vue d’une photographie. La localisation varoise de ce festival et sa nature photographique permettent les deux. D’autant que les déambulations des publics entre salles et îles (Paul Ricard) d’exposition donnent le temps de mûrir les impressions ressenties. Pour cette première édition, plus d’une quinzaine d’expositions sont installées pendant un mois. La promenade d’un artiste à l’autre est l’occasion d’assister à une succession de dialogues virtuels de très grande qualité. Des pays semblent d’abord avoir célébré la fête des voisins. Des murs mitoyens présentent ainsi la pêche traditionnelle telle une mosaïque chez le Monténégrin Dusko Miljanic et la pauvreté afghane bleutée de la Slovène Manca Juvan. Pays invité d’honneur, la Turquie a envoyé une petite dizaine d’artistes. Plusieurs œuvres partagent ici la transformation comme fil conducteur, quand ce n’est pas des partenariats incongrus avec la nature. Pour exemple, ces images aléatoires et charbonneuses du quotidien où l’ordinaire devient « extra » (Yusuf Sevinçli), celles d’entrailles en guise d’accessoires vestimentaires (Pinar Yolaçan) ou d’avions masqués par la végétation pour rappeler le rapport de force entre environnement et technique (Özant Kamaci). Des villes elles-mêmes se répondent à distance ; comme avec la perception de couleurs et de formes différentes d’Istanbul (Ara Güler et Bruno Barbey) et le Barcelone d’Anna Cabrera et Angel Albàrran qui semble échapper à ses habitants. Alors que les touristes envahissent les plages espagnoles de Benidorm, comme le dénoncent avec humour les photographies clinquantes et luisantes de crème à bronzer de Martin Parr, invité d’honneur du festival. Les techniques dialoguent aussi : entre les plaques de verre de Jean-Baptiste Sénégas, qui mettent le passé au présent via des portraits ressemblant à de vraies « gueules » de cinéma, et l’instantanéité de situations étonnement mise en valeur par les prises sur i-phone de Cristiana Thoux. Enfin, une exposition est le siège de la mémoire comme véhicule du temps, avec les voiles mortuaires de Melisa Önel qui couvrent les objets comme autant de traces du passé, et les souvenirs de Carolle Benitah qui sont rattachés, au sens propre, à des émotions par des broderies rouges. Le tout pour offrir un festival loin d’être cousu de fil blanc et que l’on n’oubliera pas de sitôt.

Texte : Guillaume Arias
Photo : Bains de soleil et lecture sur la plage © Martin Parr – Magnum Photos

PhotoMed : jusqu’au 19/06 à Sanary-sur-Mer. Rens. www.festivalphotomed.com