Perdus entre deux rives, les Chibanis oubliés de Rachid Oujdi
L’ailleurs c’est ici
A Marseille plus qu’ailleurs, le quotidien frôle des pans d’histoire de la ville et de France sans s’en rendre compte. Il est des lieux où la mémoire est fragile et tend à disparaître. Telle est l’histoire des Chibanis, à laquelle le film Perdus entre deux rives, les Chibanis oubliés de Rachid Oujdi redonne ses lettres de noblesse.
Au cœur de Belsunce, dans ce centre palpitant et délaissé de la ville, on peut les croiser au détour de la rue des Petites Maries, hésiter au moment de traverser ou profiter des rayons qui ricochent sur les murs de la place Louise Michel et viennent inonder de lumière cette dent creuse. « Chibani » signifie avant tout « sage », « respectable », « vieil homme ». Et si le terme est d’avantage utilisé pour désigner les Algériens arrivés en France pour travailler, l’assimilation paraît évidente.
Venus d’Algérie entre 1951 et 1971, ils ont reconstruit le territoire brisé par la guerre. Les attaches affectives sont restées au pays natal, mais l’espoir d’un retour prochain en entraînera d’avantage à faire la traversée. En 1968, alors que la loi sur le rapprochement familial est actée, ils ne peuvent faire venir leur famille, ne réunissant pas les conditions nécessaires : un salaire et un foyer décent.
Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux ont la démarche fragile des déracinés, coincés dans un entre-deux temporaire devenu permanent. Les vieux jours s’égrainent, emportant de loin en loin un retour fantasmé. Ce dernier semble impossible aujourd’hui, les liens avec la famille se sont distendus avec les années et leur maigre allocation ne pourrait être perçue de l’autre côté de la mer. Du foyer situé sur le promontoire du Cap Janet, dans le Nord de Marseille, la vue se dévoile sur la baie. Pour eux, la Méditerranée rapproche et éloigne à la fois, prise entre ces deux côtes opposées et pourtant sœurs : Alger et Marseille ont des silhouettes siamoises qui font la force d’une identité toute méditerranéenne. C’est tout cela que raconte le film précieux de Rachid Oujdi, qui porte un regard tendre sur ces grands oubliés de la justice. Perdus entre deux rives, les Chibanis oubliés fait l’objet de deux projections spéciales dans les parages, en présence de certains protagonistes du film. A noter, la séance du 14 au Variétés sera assortie d’un mini-concert A.O.C. (Apéro Origines Contrôlées) avec Mouss et Hakim du groupe Zebda. Un moment d’histoire à ne pas manquer.
Bérengère Chauffeté
Perdus entre deux rives, les Chibanis oubliés :
-
Le 14/11 au Cinéma Les Variétés (37 rue Vincent Scotto, 1er). Attention : COMPLET !
Rens. 09 75 83 53 19 / www.cinemetroart.com/cinema_marseille/detail_salle.php?id_salle=10
-
Le 21/11 au Cinéma Les Lumières (Arcades des Citeaux, Vitrolles).
Rens. 04 42 77 90 77 / www.cinemaleslumieres.fr
Pour en savoir plus : www.facebook.com/chibanisoublies
Le 14/11 au Cinéma Les Variétés (37 rue Vincent Scotto, 1er). Attention : COMPLET !
Rens. 09 75 83 53 19 / www.cinemetroart.com/cinema_marseille/detail_salle.php?id_salle=10
Le 21/11 au Cinéma Les Lumières (Arcades des Citeaux, Vitrolles).
Rens. 04 42 77 90 77 / www.cinemaleslumieres.fr