© Lou Grenier

Paul B. Preciado – Je suis un monstre qui vous parle

Si l’antiquité qu’est Œdipe se cantonnait à son récit mythologique plutôt qu’à hanter les divans actuels de la psychanalyse ? Une idée qui fait son chemin dans le nouvel ouvrage de Paul B. Preciado.

 

Invité en novembre 2019 à un colloque ayant pour objet « Les femmes en psychanalyse », Paul B. Preciado tente de réveiller un parterre de psychanalystes narquois sur le sens actuel du choix de leurs mots et du nombre de pratiques désuètes qui en découlent, à commencer par le titre objet de cette réunion.

Dans cette version ininterrompue et complète de son discours, Paul B. Preciado invective son auditoire à un changement en profondeur de la pratique de la psychanalyse. S’appuyant sur son expérience, le philosophe appelle à une « décolonisation » de l’inconscient.

Si nos corps sont politiques, alors nos psychés sont politiques, nos sexualités sont politiques.

Soit par un engagement dans une reproduction de normes sociales, soit en choisissant une échappatoire aux dites normes sociales.

En revendiquant « l’épistémologie de la différence sexuelle » comme générateur de « cages » (« homme », « femme ») dans lesquelles les humains s’enferment, il incite à un monde habité de monstres émancipés de ces normes qui leurs sont mortelles. Le besoin d’appartenir à une norme n’existe pas. Il y a du multiple en tous.

Souffle vital plaidant pour que la psychanalyse entame une grande mutation, celle du pluriel au détriment du binaire. Ouverture d’horizon et acquisition d’un divan neuf, libre d’accueillir des paroles ayant soufflé avec courage un vent d’émancipation sur la fixité des normes, pour la liberté des multiples possibles monstrueusement vivants.

 

Nadja Grenier

 

Paul B. Preciado – Je suis un monstre qui vous parle (Grasset)