OSS 117 : Rio ne répond plus - (France – 1h40) de Michel Hazanivicius avec Jean Dujardin, Louise Monot…

OSS 117 : Rio ne répond plus – (France – 1h40) de Michel Hazanivicius avec Jean Dujardin, Louise Monot…

Si tu vas à Rio, n’oublie pas ton scénario…

cine-OSS-117.jpgComme le claironne la très alléchante bande-annonce, si le monde a bien changé depuis sa mission au Caire douze ans plus tôt, l’agent (très) spécial Hubert Bonisseur de la Bath, lui, n’a pas bronché. Au contraire, à l’aube de la révolution soixante-huitarde, l’espion réac au sourcil en accent circonflexe apparaît plus dépassé que jamais. Incroyablement suffisant, inculte, macho, raciste et désormais antisémite (« Ah quelle histoire, ça aussi ! » assène-t-il à propos du génocide à des agents du Mossad consternés par son ignorance), il représente cette France colonialiste et paternaliste incapable de s’adapter aux changements du monde.
Le voilà donc propulsé à Rio pour récupérer un microfilm détenu par un ancien SS et contenant la liste de collaborateurs français pendant l’Occupation. Il doit pour cela faire équipe avec une charmante espionne israélienne (incarnée par l’insipide Louise Monot, à qui l’on conseille de passer en stéréo), qui va faire les frais de sa légendaire misogynie et de son incompétence crasse.
Là où l’univers en Technicolor proposé par Michel Hazanavicius (La classe américaine) servait habilement le propos de Jean-François Halin (ex-Guignols) dans le premier opus, la réalisation privilégie ici l’aspect cosmétique (décors, costumes, effets de manche exploités jusqu’à l’excès…) au détriment des personnages secondaires, sans reliefs, et du comique de situation. Hormis quelques running gags (les apparitions vengeresses de Chinois) et saillies politiquement incorrectes, le spectateur n’a plus grand chose à se mettre sous les zygomatiques. Intrigue prétexte, manque de rythme et autres courses-poursuites (inter)minables n’en finissent plus d’alourdir cette séquelle. Il y avait pourtant matière à se gondoler : d’une scène de partouze sous LSD sur la plage à peine esquissée à une poursuite en déambulateur mal troussée, en passant par une scène de catch pénible, les ressorts comiques du scénario souffrent de ne pas être plus développés ou mieux exploités. On aurait aimé voir ce film barré que la bande-annonce et le premier volume promettaient, un maelström délirant où les embardées narratives seraient poussées à leur paroxysme — jusqu’au grand n’importe quoi. Ne voulant pas brûler ce que nous avons aimé, gageons cependant qu’OSS reprendra des couleurs dans son troisième volet, en Afrique.

CC/HS