Origines à l’Appartement

Origines à l’Appartement

Un lieu Appart

 

Dans un bel immeuble de la rue Montgrand, c’est un véritable cabinet de curiosités qui s’offre au visiteur. Dans l’Appartement, le temps se distord, créant un rapport intime entre une œuvre et le locataire d’un instant.

 

C’est sur un meuble design du talentueux Michael Coska et une toile percutante de SkunkDog que les yeux se posent dès l’ouverture de la grande porte. Exit la sensation quelque peu frustrante du white cube, on est ici comme dans un cocon, un véritable petit nid que l’on peut louer si l’envie nous dit de passer une nuit artistiquement autre.
C’est d’une manière très instinctive et au gré des opportunités que Marion a créé le projet : « Artiste à la base, ça faisait longtemps que j’avais envie de monter un lieu à moi, notamment pour montrer mon travail. La vie a fait que j’ai pu disposer de cet appartement pour en faire quelque chose de plus professionnel. Architecturalement parlant, il est beau, alors je me suis dit qu’il était temps d’y créer mon lieu. » Même s’il est vrai que de nouveaux concepts en matière d’exposition se développent un peu partout, notamment à Paris, où un simple appartement peut devenir, le temps d’un soir, une galerie, Marion innove en rendant possible sa location. « Ce qui m’intéresse le plus, c’est de permettre de détendre le temps. Quand les clients louent l’appartement, ils peuvent rester des heures allongés sur le lit à contempler une œuvre, personne ne leur dira que la galerie ferme. J’ai toujours trouvé que le temps passé à regarder un tableau dans un musée est bien trop court. Inviter les gens à vivre au milieu des œuvres, ça rallonge jusqu’à l’intimité la relation que l’on entretient avec elles. »
Des œuvres qui prennent tout leur sens dans la confrontation des époques : les tableaux de Nicolas Cessieux se révèlent ainsi autour des moulures style Art déco de la chambre. Le graffeur marseillais s’amuse avec la lettre, l’accumule presque à outrance, offrant un rendu travaillé, finalement presque minimaliste, en tout point efficace.
Dok, la figure emblématique du graffiti parisien des années 90, revient à Marseille après une exposition à la Straat Galerie (en 2012), où il avait rendu hommage à l’esthétique old school et à son crew NWS. Il expose ici des œuvres plus proches de son historique vandale (le tag), dans lesquelles l’accumulation du blaze tend à nous imposer sa présence. Avec le Marseillais SkunkDog, il a également réalisé, sous le nom de Show Brothers, des pièces où les coulures intuitives aux tracés punk se mêlent presque amoureusement au lettrage.
Coup de cœur pour le sculpteur montpelliérain TiéRi qui, après avoir fouillé dans les poubelles de street artistes (bombes, rouleaux, pinceaux…), réalise des sculptures par compression, accumulation et déformation. Rendant poétique ce qui pourrait être considéré comme un déchet, Tiéri offre ainsi un nouvel usage à l’outil du graffeur, en forme d’hommage émouvant.
De quoi prédire de beaux jours à cet Appartement, havre de paix où l’on se sent chez soi.

Elise Lavigne

 

Origines : jusqu’au 8/11 à l’Appartement (68 rue Montgrand, 2e).
Rens. : 06 95 99 69 85 / lappartement-marseille.com