Oncle Vania présenté au Théâtre du Gymnase du 8 au 16/04

Oncle Vania présenté au Théâtre du Gymnase du 8 au 16/04

Oncle incarné

Dans l’immense maison d’oncle Vania, les destins des personnages s’entrecroisent sans jamais vraiment trouver le public…

Oncle-vania-%C2%A9-Christian-Gan.jpgUne famille russe à la campagne, un professeur émérite, égoïste et vaniteux, incapable de sentiments envers sa propre fille, sa jeune et belle épouse semant trouble et zizanie chez l’oncle Vania et le médecin de campagne, la fille secrètement amoureuse du docteur sans espoir de réciprocité… Une histoire de domaine familial à gager, la femme du professeur mariée par amour ou par intérêt, prête à craquer pour le médecin, les désillusions des uns et des autres, les conventions qui cèdent, la famille disloquée, les affres de la solitude, les angoisses de la vieillesse, l’amour malmené, des bonheurs possibles qui s’entrecroisent sans jamais se trouver…
Il y avait là de quoi faire une pièce explosive, intense, où les êtres se déchirent, où les sentiments puissants vous emmènent vers des émotions bouleversantes, où le désespoir des personnages vous contamine quelques instants. Ce n’est pas vraiment le cas. On n’est pas très troublé par les crises et la souffrance de l’oncle Vania ni vraiment choqué par l’apathie du professeur, à peine émus par la tristesse contenue et raisonnée de sa fille, pas retourné par la beauté froide d’Elena, mais sensible à la justesse de son jeu, et admiratif devant l’aisance naturelle de Torreton.
Finalement, de la tragi-comédie, on retient le côté drôle : les facéties de l’ami Téléguine, la bonhomie apaisante de la nounou, le côté caustique d’oncle Vania et les tirades cyniques du médecin… A sa manière, chacun est malheureux, qui d’être seul, qui de vieillir, d’attendre de vieillir encore, qui de guetter la mort. Mais chacun semble accepter fatalement son sort, résigné comme un condamné qu’on conduit sur le billot. On a du mal à compatir. Tchekhov a quelques rides mais son propos est contemporain. Dommage que la mise en scène ne l’ait pas propulsé en 2009.

Texte : Yves Bouyx
Photo : Christian Ganet

Oncle Vania était présenté au Théâtre du Gymnase du 8 au 16/04