Noces de Sang © François Rousseau

Noces de sang par la Cie des Petits Champs à Châteauvallon

Noces funèbres

 

Noces de sang est le premier volet d’une trilogie dramatique que Lorca a implantée dans un monde rural tour à tour réaliste ou imaginaire. Mise en scène par Daniel San Pedro, cette pièce sur la jeunesse, la liberté et l’amour, relate un fait-divers : une jeune femme s’enfuit le soir de ses noces retrouver son amour interdit. Avant de tout perdre…

 

Pour certains, Daniel San Pedro est resté Manuel, l’émouvant héros du film Les Sables mouvants de Paul Carpita. Or, ce passionné mène de front une carrière d’acteur, de metteur en scène (Le Voyage en Uruguay, Yerma…), de professeur de théâtre à l’Ecole de Danse de l’Opéra National de Paris… et depuis cinq ans, il codirige la Compagnie des Petits Champs basée dans la campagne normande avec Clément Hervieu-Léger, de la Comédie-Française.
Sa découverte de Lorca a été comme un coup de foudre et depuis, il ne l’a jamais quitté.
« J’ai l’ai découvert à l’école. Je devais avoir dix ou onze ans. Mon intérêt pour lui a été au départ très lié à la Guerre d’Espagne. On nous parlait très peu de cela. J’avais un professeur franquiste qui s’arrangeait avec l’histoire, il ne disait pas ce qui s’était réellement passé quant à l’assassinat de Lorca au début de la guerre. En fait, c’est en voulant savoir la vérité sur cet auteur que j’ai commencé à m’intéresser à sa poésie et à son théâtre. »
Daniel San Pedro situe Noces de sang dans les années trente, quelque part dans un pays du Sud, où il fait très chaud, le Portugal, la Grèce peut-être… ou l’Espagne donc, mais loin d’une reconstitution historique fidèle. Son désir étant de privilégier le texte du grand dramaturge qu’est Lorca, dont il loue la poésie et la force, en évitant l’écueil caricatural. « La difficulté dans le théâtre de Lorca est de ne pas se faire manger par le drame, le côté noir, obscur, la tragédie, mais également par tous les clichés que l’on a sur l’Espagne, sur Lorca. Il faut arriver à montrer que ce sont des gens comme tout le monde, joyeux, vivants, et que ça bascule à un moment donné. Mon travail a donc été de retenir le drame. »
Daniel San Pedro a donc choisi d’épurer au maximum le cadre de l’action en la situant dans une sorte de grande boîte plantée au milieu de nulle part, comme pour en augmenter sa portée universelle. « Je crois au fait qu’il y ait des lieux chargés en histoire, qui véhiculent des choses. Voilà pourquoi je tenais vraiment à présenter le triptyque avec cette même base de décor. »
Le compositeur Pascal Sangla, avec qui il avait déjà travaillé sur Yerma, a composé des musiques originales pour certains passages chantés.
Côté casting, nous retrouvons des fidèles de la compagnie : Nada Strancar, la mère du fiancé, Yaël Elhadad, qui jouait déjà dans Yerma, la précédente pièce de Daniel… Et des nouveaux, comme Zita Hanrot, actuellement au cinéma dans Fatima de Philippe Faucon, ou Lucas Besse, un jeune acteur qui sort de l’école nationale de Strasbourg. Sans oublier Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française, dans le rôle du fiancé, qui reviendra à Châteauvallon et au Grand Théâtre de Provence avec un spectacle musical baroque : Monsieur de Pourceaugnac d’après Molière et Lully. Mais avant, place aux Noces, et advienne ce qui doit advenir…

Marie Anezin

 

Noces de sang par la Cie des Petits Champs : les 6 & 7/11 à Châteauvallon (Olioulles).
Rens. : 04 94 22 02 02 / www.chateauvallon.com

Pour en (sa)voir plus : www.lacompagniedespetitschamps.com