Les Premiers Adieux de Miss Knife © Rebecca Greenfield

Retour | Névrotik Hôtel et Les Premiers Adieux de Miss Knife à la Criée, dans le cadre de l’Invasion ! Transgenre

Trans-génies

 

Entre divas et bêtes de scène, Michel Fau et Olivier Py chantent, jouent et vivent leur réalité. Cette liberté d’être, au théâtre et dans la vie. Leurs spectacles respectifs, Névrotik Hôtel et Les Premiers Adieux de Miss Knife  étaient à l’affiche durant l’Invasion Transgenre à La Criée. Salle comble et comblée !

 

« Ce qui compte, c’est se libérer de soi même, découvrir ses propres dimensions, refuser les entraves », écrivait Virginia Woolf dans Une chambre à soi. Luxe, calme et volupté dans une suite sur fond rose, nous voici dans un palace de la côte normande où séjourne durant quelques jours Lady Margaret, admirablement interprétée par Michel Fau. Si seule, si drôle, si triste que Madame va proposer un étrange contrat à un très joli groom acrobate (le formidable Antoine Kahan) pour enfouir ses peines et pouvoir vivre ses fantasmes perdus.

Une comédie musicale hors normes où l’on devine le genre en toute discrétion, où les musiciens et artistes mêlent leurs talents dans une pièce qui interroge l’amour, la mort, la douleur.

Non loin de là, Olivier Py s’est construit en miroir de Michel Fau et vice-versa. Depuis presque trente ans, il nous entraîne sur scène avec la célèbre Miss Knife. Des adieux ? Certainement pas.

Le couteau des sacrifices ? Oui, Miss Knife, c’est cela. Pour Olivier Py qui vit à travers elle ou elle à travers lui, c’est un don de lui ou peut-être d’elle, c’est la rencontre avec le public de façon populaire, du Wagner version jazz chanson française. Son music-hall ? « Le suprême mystère du chant », dit-il, un masque et des costumes. Dans un théâtre noir, Miss Knife nous conte sa vie d’artiste et l’interprète avec brio. Elle a bien roulé sa bosse et emporte derrière elle la féminité de toutes les femmes. Un personnage ? Non, parce que le rôle est trop court. Ici, Lady Margaret et la coutelière se retrouvent : une conscience politique forte les unit et emporte même leur identité au-delà de la scène. Un pouvoir fascinant qui questionne le tout public et met en exergue la difficulté de s’assumer en tant qu’homme, femme, les deux ou le troisième. La rigueur du travail, l’engagement humain, l’exactitude des gestes. Tout est lié au spirituel ou presque, le reste n’est que technique. L’intuition de ce qu’ils sont et de ce qu’elles sont devenues. Un paradigme ancré sur le monde comme leurs talons sur les planches. Le genre ? Cet air qui n’est pas né d’aujourd’hui et qui vient de bien plus loin : « Padam padam padam »…

 

Zac Maza

 

Névrotik Hôtel et Les Premiers Adieux de Miss Knife  étaient présentés du 23/01 au 2/02 à la Criée, dans le cadre de l’Invasion ! Transgenre.

Rens. : www.theatre-lacriee.com