My movements walk alone

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Après l’ovni Love Zoo de Félix Ruckert, l’Espace Culture présente, cette semaine, la biennale des jeunes créateurs côté scène. L’occasion de découvrir celles et ceux qui envisagent l’avenir de la création dans le sud de la France… (lire la suite)

Après l’ovni Love Zoo de Félix Ruckert, l’Espace Culture présente, cette semaine, la biennale des jeunes créateurs côté scène. L’occasion de découvrir celles et ceux qui envisagent l’avenir de la création dans le sud de la France

Il y a des avants et des après. Des moments de découvertes et de reconstructions. Comment ne pas revenir sur la présence du chorégraphe Félix Ruckert à Marseille ? Pour toutes celles et ceux qui ont vu Love Zoo, la manière d’envisager la danse et le rapport au corps de l’autre est à tout jamais changé. Danse interactive, danse participative ? Les mots se perdent dans un souvenir indéfinissable, quelque chose que l’on garde pour soi, comme une petite mort, parce que demain sera tout autre. Le public remplit l’espace, camouflant le danseur dans un corps à corps, une inversion des rôles, une danse qui annule les maladresses et les niveaux dans des jeux de modules qui étirent le temps, qui explosent la durée chronométrée d’une pièce. Love Zoo est une porte ouverte sur l’amour, sur l’avenir ; une révélation pour soi et dans le regard des autres. A partir de là, inutile de se décourager, repartons sur ce moment de bonheur pour croire plus que jamais que ça continue et pourquoi en serait-il autrement ? « Retour de Naples » est une occasion de replonger dans une approche du théâtre plus proche des standards (la scène et les gradins) avec quatre soirées et sept productions. Une forte présence de la danse avec KO.com ou comment la photographie (image figée par excellence) organise la possibilité d’un jeu de trois personnes sur le principe « apparition-disparition » : c’est énigmatique et ambitieux, donc ça suscite la curiosité. Un chorégraphe qui avance dans la vitesse de la lumière, c’est David Wampach dont la formation en tant que danseur est plutôt pertinente : Mark Tompkins, Julyen Hamilton et Lisa Nelson. La proposition de David Wampach repose sur une pièce filmée, See saw de Simone Forti, présentée en 1960 à la galerie Reuben à New York, et sur un clip de R’n’B. Sur ces deux oppositions de style, le mouvement dans l’intervalle et le mouvement sur le beat, se joue une réinterprétation pour trois danseurs, une envie de prolonger et de transgresser le répertoire. Deux personnes très attachantes, Nicolas Cante et Gilles Toutevoix, l’un joue du piano, l’autre utilise la vidéo. Loin du propos, du concept et de la justification, le duo fonctionne sur la complicité pour s’adonner à la performance dans un rapport instrument, machines, images, public avec Piano Mekanik Kantatik. Le tout est enveloppé d’un certain mystère mais dans une envie proche de la bonne humeur. On en arrive à ce qui s’annonce comme la pièce la plus multiple dans son approche de la scène, de l’image et du son. La fameuse notion de transversalité chère à Nicolas Bourriaud (esthétique relationnelle), avec la performance d’Op*ac. Ici, le public décide de son impact sur la scénographie en se déplaçant dans l’espace sous l’impact d’un larsen vidéo. L’utilisation du larsen vidéo nous rappelle le travail de l’artiste américain Nam June Paik qui, dans les années 70, décida de mettre en boucle le câblage caméra-moniteur pour créer une répétition infinie d’une même forme filmée. La vidéo n’était plus un simple système d’enregistrement pour les vacances, mais transformait le moniteur en objet-sculpture, c’était visuellement très fort, mais formellement très limité. Op*ac, avec le recul du temps, mélange les pistes et les sens par la force du collectif (séquences, peinture digitale, violon, guitare, clarinette, harpe), en apparence proche du show, mais on en attend beaucoup plus, disons clairement que si ça marche, c’est peut-être fabuleux.

Karim Grandi-Baupain

Retour de Naples à Marseille. Rens. www.bjcem.net Mer 15 à la Friche (19h30) : Profil bas, création chorégraphique du Collectif KO.com Jeu 16 à Montévidéo (20h30) : Square, performance musicale du collectif OP*AC , et thirtytwobit, performance audiovisuelle de Clément Charmet et Vincent Dorp Ven 17 à Montévidéo (20h30) : Piano Mekanik Kantatik de Nicolas Cante & Gilles Toutevoix et Monsieur 02, lecture à cinq voix d’un texte de Marie-Céline Siffert Sam 18 à la Friche (19h30) : Bascule, pièce chorégraphique de David Wampach