Monster Maniac Totem Tattoo de Aude Carbone

Monster Maniac Totem Tattoo de Aude Carbone

Very good tripes

 

Dessinatrice à l’univers torturé, Aude Carbone annonce la couleur avec la sortie de son livre de sérigraphies Monster Maniac Totem Tattoo. Triturations corporelles, monstruosités romanesques, zébrures frénétiques… l’artiste pose ses entrailles sur le papier. De l’art exutoire qui nous prends aux tripes.

 

Aude Carbone dessine depuis toujours mais c’est aujourd’hui qu’elle se livre sincèrement.
Aboutissement de son art, le livre Monster Maniac Totem Tattoo, imprimé à l’atelier de sérigraphie Code B, est une intéressante plongée dans son univers, une fenêtre ouverte sur sa sensibilité. « C’est une espèce de retour sur plein de choses, confie-t-elle. Chacun de mes dessins est super viscéral, c’est toujours un morceau de tripes que je pose sur le papier, et ça se voit un petit peu dans mes dessins. » Le lecteur s’étonnera effectivement de la poésie morbide que laisse échapper la manipulation d’un corps par des créatures aux allures d’aliens. L’artiste, qui s’avoue maniaque du trait, use de minutie et développe un tracé frénétique, oscillant entre créatures chimériques et créations totémiques. Inspirée par des artistes comme Craoman, Yann Taillefer ou Egon Schiele, Aude Carbone ne nie pas l’influence de l’iconographie du tatouage : « Je voulais me venger des gens qui disaient que je dessinais pour des tatouages. Eh non, c’est pour un livre !! (rires) Mais c’est vrai, mon trait se veut parfois surfait. »
Visages déformés, êtres lacérés, langues emmêlées… Le dessin est à la fois terrifiant et grisant ; le trait se fait outil de rondeurs torturées. « J’ai eu une grosse période où j’étais triturée par tout ce qui est relatif à la relation au corps. J’ai passé des heures à regarder des images sur la tératologie, les malformations infantiles, ça m’a pas mal traumatisée Je pense que l’on a tous une relation finalement un peu torturée à soi-même et aux autres. Il faut juste voir la société dans laquelle on vit, on doit correspondre à une certaine image, mais au milieu de tout ça, on est tous hanté par un passé, un vécu… C’est ma séance de thérapie personnelle. »
Une thérapie qui fonctionne bien pour la jeune dessinatrice, contactée pour participer à la prochaine édition du graffzine Couverture (aux éditions Lachienne) et à une exposition à Montpellier avec le tatoueur RafikInk : « L’expo sera axée sur le photomontage, la relation au corps sera toujours présente mais à travers les accidents de voitures… J’en ai eus pas mal dont je suis sortie en vie et entière. En plus, je suis fascinée par les engrenages et les rouages, les moteurs. De la même manière que j’explose les corps, autant exploser les photomontages ! »
Mais, loin de se contenter de ce qu’on lui propose, Aude veut monter son propre projet : un atelier de sérigraphie artisanal itinérant… en poids lourd ! L’idée serait de proposer des ateliers de découverte au sein de festivals underground pendant l’été. « La partie automne-hiver sera fixe, je me focaliserai sur la production, un travail de micro-édition de sérigraphie. »
Tracé instinctif, univers viral… Aude Carbone éclot après une longue incubation et place le lecteur face aux distorsions de l’homme, aux mutations physiques et autres dysfonctionnements de l’individu. Et si l’horreur était ailleurs ?

Elise Lavigne

 

Monster Maniac Totem Tattoo : en vente au Dernier Cri (Friche La Belle de Mai. Rens. dc@lederniercri.org / 06 12 79 28 75 / 04 95 04 96 49), au Lièvre de Mars (21 Rue des 3 Mages, 6e.
Rens.  04 91 81 12 95 / librairie.lldm.free.fr) et à Distant District (4 rue des Trois Mages, 6e. Rens. www.distantdistrict.org) ou via son site internet (voir ci-dessous).

Pour en (sa)voir plus : http://epoxetbotox.overblog.com/