© Salih Basheer

Mon ami n’est pas d’ici à la Tour-Panorama de la Friche La Belle de Mai

Hommages collatéraux

 

Dans un dispositif laissant une belle place à la mise en scène, la Tour-Panorama de la Friche abrite Mon ami n’est pas d’ici, une exposition réunissant huit jeunes (pour la plupart) photographes africains dans le cadre des Rencontres à l’Échelle.

 

 

Chaque artiste développe son propre sujet dans une scénographie personnalisée, à la frontière entre la proposition artistique et le photojournalisme, avec en fil rouge le sort d’hommes et de femmes déraciné.e.s.

Les séries de l’exposition nous emmènent en Libye, en Mauritanie, en Algérie, au Maroc ou en Égypte, nous racontant des histoires à la fois singulières et malheureusement répandues. Il y a toujours eu des migrations mais durant les deux dernières décennies, le mouvement s’est amplifié en provenance d’Afrique, et ces épopées sont de plus en plus documentées.

Si nous sommes devenus familiers des témoignages de migrants à leur arrivée en Europe ou durant une traversée, l’exposition nous propose de les suivre dans leurs pérégrinations africaines, parfois longues, voire sédentarisées : des Soudanais en Égypte, un Zimbabwéen en Algérie, des Congolais au Maroc…

Ces séries donnent la parole à des hommes et des femmes en transit, et nous permettent de toujours mieux appréhender ce désir migratoire même s’il nécessite de mettre sa vie en danger. La fierté dans les regards, les blessures, qu’elles soient physiques ou psychologiques, et le sens collectif issu des communautés se retrouvant à l’étranger nous marquent et nous émeuvent.

Il est très difficile de démarquer les expositions les unes des autres, mais prenez particulièrement le temps d’apprécier la série de Nada Harib à Tripoli, dont la scénographie nous transporte dans le quotidien de migrants, celle de Seif Kousmate mettant en lumière le sort d’esclaves des temps modernes qui acceptent ou refusent leur sort, ou encore celle de Lola Khalfa qui propose une œuvre bouleversante à partir d’un fait divers survenu dans son université algérienne.

Il est rare de donner autant d’espaces à de jeunes photographes africains, alors saluons l’initiative du commissaire Bruno Boudjelal et des Bancs Publics, et apprécions cette authentique découverte !

 

Romain Maffi

 

 

Mon ami n’est pas d’ici : jusqu’au 13/02/2022 à la Tour-Panorama de la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).
Rens. : www.lafriche.org