Millenium – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (Etats-Unis/Grande Bretagne/Suède/Allemagne – 2h38) de David Fincher avec Daniel Craig, Rooney Mara…

Millenium – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (Etats-Unis/Grande Bretagne/Suède/Allemagne – 2h38) de David Fincher avec Daniel Craig, Rooney Mara…

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(Presque) Dans le mille

Etait-il bien nécessaire de proposer une autre version pour grand écran de la trilogie culte du défunt Stieg Larsson, trois ans après celle de Niels Arden Oplev ? La question se pose. Mais l’adaptation de Fincher, qui n’est plus un débutant depuis Alien 3 (1992), se démarque bien de la précédente, ne serait-ce que par sa fin, radicalement différente. Mais aussi par le choix judicieux de Rooney Mara pour incarner Lisbeth Salander, informaticienne marginale qui aide le journaliste Blomkvist dans son enquête sur la mystérieuse disparition d’Harriet Vanger. Ce n’est pas un hasard si le réalisateur a abandonné le sous-titre original, Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (gardé par les distributeurs français), pour proposer le sien, The Girl With The Dragon Tattoo (La fille avec le tatouage de dragon). Marqué par un passé familial et sentimental douloureux, autant que sa peau tatouée, la jeune femme passe en un instant de l’introversion à une grande violence vengeresse. Avec une certaine ingéniosité, Fincher pratique un jeu de ping-pong entre passé et présent. Les épreuves que traverse Salander aujourd’hui répondent aux évènements dramatiques d’hier, tandis que battements et tic-tac sonores marquent l’écoulement du temps à l’approche de la vérité et font écho à des flashbacks polaroïdés sans parole. Les plans d’ensemble sont aussi utilisés à bon escient pour mieux rendre compte de l’effet Cluedo du petit hameau constitué par les membres de la famille Vanger, chaque maison, pont ou cabane représentant une pièce du puzzle. Pour autant, Fincher, perfectionniste, rend une copie un peu trop léchée pour traduire parfaitement la noirceur de l’œuvre de Larsson. Reste deux heures trente que le spectateur ne voit pas passer — plutôt rare dans le cinéma contemporain.

Guillaume Arias