Melting potes

Melting potes

La première édition du festival Marseille Cosmopolite met en lumière une certaine conception du métissage, susceptible de nous réconcilier avec ce vilain terme… (lire la suite)

La première édition du festival Marseille Cosmopolite met en lumière une certaine conception du métissage, susceptible de nous réconcilier avec ce vilain terme

C’est encore tout frais, à vrai dire. En février dernier, David Walters fêtait la sortie de son premier album au Cabaret Aléatoire, en invitant divers musiciens et proches à venir taper le bœuf dans un bel élan altruiste. Ce soir-là, Ahamada Smis, qui organisait jusque-là des soirées « open mic » non loin du secteur Plaine, a partagé pour la première fois la scène avec David, mais aussi d’autres musiciens tels Pierre-Lau de Dupain ou Cyril Benhamou. Anecdotique ? Pas tout à fait. Dans les semaines qui suivirent, au gré de leurs agendas respectifs, ces derniers se sont revus, partageant ponctuellement la scène en partant d’un même constat : ils venaient tous d’univers bien distincts. Mais avaient « la même conception du métissage, chacun dans ses projets personnels. » Aujourd’hui, à l’heure où le festival Marseille Cosmopolite s’apprête à mettre en lumière le fruit de ces échanges artistiques et avant tout humains, l’interrogation est légitime : y aurait-il à nouveau du neuf sur le créneau « métis » cher à Marseille ? Depuis le temps qu’on nous rabâche cette conception vaseuse qui n’est somme toute qu’affaire d’image (d’Epinal), sans jamais avoir vu venir, depuis le Massilia Sound System et… Dupain justement, un seul nom qui pourrait rassembler les suffrages sans crouler sous une tonne de clichés… Car de quoi s’agit-il au juste ? Que faut-il entendre par ce terme si galvaudé, sinon la confrontation avec l’autre pour créer autrement ? Les musiciens dont on parle ici naviguent tous autour de la trentaine, ont eu le temps d’assimiler les codes de leurs domaines respectifs, mais gardent encore l’envie d’aller voir ailleurs s’ils s’y trouvent. C’est bien là que réside leur singularité : il ne s’agit plus de viser à tout prix la grande tambouille globalisante, la « sono mondiale » comme on disait un temps, mais d’avancer à tâtons en plaçant dans une même pièce des gens de cultures et d’origines différentes. Bref, la notion de métissage n’est ici plus considérée comme un objet, un but à atteindre, mais comme un postulat à partir duquel tout reste à faire : manière inverse d’envisager la chose, et seule qui vaille. Peut-on dès lors évoquer la naissance de quelque chose ? Il est encore un peu tôt… Mais il ici évident qu’un lien puisse unir un joueur de vielle à roue, un poly-instrumentiste aux racines créoles, un jazzman d’origine juive et un adepte du spoken word né dans les Comores : l’envie. Celle qui pousse à être un peu curieux : faites donc de même.

PLX

Marseille Cosmopolite, les 6 et 7 à l’Affranchi, 20h30. Rens. 04 91 35 09 19
NB : co-voiturage possible au départ de la Plaine à 19h30 (akasmis@hotmail.fr)