Jean-Baptiste Mouttet lors du Mediavivant Marseille 1943, autopsie d’un crime

C’est arrivé près de chez vous | Mediavivant

Papiers mâchés

 

 

« À Marseille, les journalistes racontent l’actualité sur scène autour d’un verre, sans filtre ni censure ». Derrière cette séduisante formule, Mediavivant. Décryptage de ce média qui vient de naître.

 

 

Indépendant depuis près de quinze ans, journaliste à Mediapart et Society, spécialiste de l’Amérique Latine, Jean-Baptiste Mouttet a décidé de raconter l’actualité autrement à travers Mediavivant. « J’ai fait deux constats : les gens ne se sentent pas toujours légitimes de s’impliquer dans l’actu, de lire ou de commenter, et d’expérience, j’ai remarqué qu’il était parfois plus aisé de faire partager des idées en conférence que via un écrit. » Partager et démystifier le rôle du journaliste, voici l’un des objectifs phares de ce nouveau média. « Une des ambitions est aussi de s’adresser aux personnes les plus éloignées de l’information. » C’est donc bien là, la cible visée par les journalistes de Mediavivant.

Alors, concrètement, ça donne quoi ? L’idée est simple : un sujet mensuel, abordé sur scène, dans un lieu accessible à tous : une MJC, une salle des fêtes, à la Fabulerie (au mois de décembre), etc. « L’idée, c’est que chacun se sente libre de venir », précise Jean-Baptiste. Libre est d’ailleurs le montant de l’entrée, et le financement prévoit de se faire via des dons. « On a dans l’équipe des retours d’expérience d’autres médias fonctionnant sur abonnement, Marsactu par exemple. » Mais, pour toucher la double cible, à la fois des personnes se méfiant de l’actu, et celles peu ou pas informées, ce sont les dons qui ont été choisis, en vue de garantir une valeur portée haut par l’association : l’indépendance. Les témoins viendront faire leurs déclarations directement sur scène, rendant l’article vivant. « La star, c’est l’info, pas le journaliste. » Les représentations mensuelles prévoient d’être filmées et seront ensuite retransmises sur le site de Mediavivant, enrichies d’un écrit. « Dans l’association que nous avons créée, deux comédiennes travaillent avec les journalistes, pour les préparer à la scène ; c’est pas mal de boulot que cette mise en scène ! » De fait, l’actu ne peut être chaude, mais tiède, voire froide.

La soirée de lancement sera ainsi consacrée à « Marioupol, la ville martyre racontée par ses habitants », faisant le portrait de ce port industriel ukrainien, aujourd’hui vidé de trois quarts de ses habitants. Cette soirée exceptionnelle sera suivie du débat sur le thème « Comment renouer le lien entre le journalisme et la société ? », avec Edwy Plenel (Mediapart), Lisa Castelly (Marsactu) et Yann Stéphant, directeur de l’association Urban Prod, qui travaille l’insertion par le numérique.

Le credo de Mediavivant ? Être « accessible, pédagogique et indépendant ». En termes de proximité, Mediavivant envisage d’ailleurs de mener des ateliers d’éducation aux médias dans les quartiers et dans les centres de détention, en lien avec Urban Prod. Aujourd’hui, le groupe noyau de Mediavivant se constitue d’environ cinq personnes, alors qu’une soixantaine d’autres œuvrent en plus pour que ce lancement se passe pour le mieux. Le numéro zéro a déjà été publié sur le site, avec un article vivant de Jean-Baptiste Mouttet lui-même, reprenant une enquête menée pour Mediapart sur le thème « Marseille 1943, autopsie d’un crime contre les quartiers populaires ».

Optimiste ? Jean-Baptiste Mouttet admet attendre de voir comment se déroule le plongeon dans le grand bain, et ne perd pas de vue sa cible, la raison première de la création de ce journal si singulier.

 

Charlotte Lazarewicz

 

 

Soirée de lancement de Mediavivant, le 17/11 aux Grandes Tables de la Friche (Friche La Belle de Mai, 41 rue Jobin, 3e).

Rens. : www.lafriche.org

Pour en (sa)voir plus : www.mediavivant.fr