Matta : du surréalisme à l’histoire au Musée Cantini

Matta d’or

 

Si, comme le constate la commissaire Christine Poullain, « Matta est l’un des derniers grands surréalistes », cela fait pourtant trente ans que l’artiste n’a pas fait l’objet d’une exposition. Réparation en bonne et due forme au Musée Cantini.

Après avoir quitté le Chili et ses études d’architecture, Roberto Matta s’installe entre la France et l’Italie, puis à New York où il côtoiera des artistes tels que Pollock ou Gorky.
Inédite, la rétrospective qui lui est consacrée au Musée Cantini suit son parcours artistique, et en particulier son cheminement entre le surréalisme des débuts et la représentation métaphorique de l’histoire à travers de nombreux évènements du 20e siècle. Elle vient également rappeler les liens très forts entre le mouvement créé par André Breton et Marseille, terre d’accueil des surréalistes au début de la Seconde Guerre mondiale.
Les premières œuvres étonnent par leur transparence, alors qu’elles sont le fruit d’une accumulation de couches de peinture.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il se lance dans la réinterprétation de l’histoire avec des œuvres plus grandes, comme l’impressionnante X-Space and the Ego. Les personnages y sont étirés, comme torturés, dans un geste d’une grande liberté.
Dans la plus grande salle s’étire une fresque renversante de près de dix mètres de large, Les Puissances du désordre, de laquelle jaillissent des couleurs lumineuses et dont la narration rappelle à quel point l’artiste fut influencé par le cinéma. « On est toujours entre le manifeste et la science-fiction, explique Christine Poullain. Il peint des figures anthropomorphes, mais aussi des éléments mécaniques, robotisés, qui amènent un questionnement sur la place de l’homme dans ce monde. » Dans les deux peintures réalisées avec le dadaïste Victor Brauner, Intervision et Innervision, l’artiste interroge également les relations entre l’homme et le plus grand média de l’époque, la télévision.
Choquantes ou surprenantes, les œuvres de cette magnifique rétrospective nous ouvrent les portes d’un univers qui repense totalement l’inconscient humain et l’histoire contemporaine.

Anthony Michel

 

Matta : du surréalisme à l’histoire : jusqu’au 19/05 au Musée Cantini (19 rue Grignan, 6e).
Rens. 04 91 54 77 75 / www.musee-cantini.marseille.fr