© Damien Boeuf

C’est arrivé près de chez vous | L’association Marseille et Moi

La voie du peuple

 

L’heure du citoyen a sonné. C’est en tout cas l’objectif affiché de l’association Marseille et Moi, qui multiplie les rencontres afin de (re)donner une voix aux habitants de la ville et d’influer sur le débat politique.

 

La cité phocéenne fait l’objet de ressentis contrariés, de paradoxes permanents. Marseille, on l’aime et on la déteste, entend-on de-ci de-là. On l’aime pour son climat généreux, l’enchevêtrement de quartiers revendiquant leur identité propre, à l’aise entre mer et montagne, ou encore son spectacle vivant très dynamique. On la déteste pour ses incivilités, sa pollution, ses règlements de compte ou l’avarie de sa politique. Il y a un rapport intime entretenu par chaque Marseillais avec la cité et, comme dans tout couple, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. L’invité du couple, en l’occurrence le touriste, semble quant à lui apprécier de plus en plus la cité phocéenne.

Mais, comme le précise l’association Marseille et Moi sur son site internet, « nous voulons voir plus loin que le recto de la carte postale ; nous voulons aller au-delà de la vitrine trompeuse du front de mer. » Sous la face émergée de cet iceberg métropolitain existent de nombreuses problématiques qui relient tous les habitants, humains et institutionnels. Si nous sommes concernés, nous pourrions donc agir pour faire évoluer les choses. L’association a justement pour vocation de faire remonter les idées à partir de discussions publiques comme l’explique son président Aldo Bianchi, chirurgien-dentiste de profession et militant de la cause sociétale de conviction. D’un côté, informations et échanges sont des préalables nécessaires à une décision réfléchie. De l’autre, quand les discussions se font entre citoyens, membres de la société civile et experts des questions abordées, le résultat est légitimé et la parole devrait être plus facilement portée au politique.

Initialement créée pour apporter des suggestions citoyennes à la candidate socialiste aux élections municipales de 2013, Marie-Arlette Carlotti, l’association perpétue aujourd’hui sa mission initiale « sans aucune connotation partisane et sans caractère polémiste. » Les débats organisés sont ouverts à tous et toutes, les sujets s’inspirent de l’actualité locale et sont choisis pour leur proximité avec un quotidien durable. Les intervenants sont quant à eux sélectionnés en fonction de leur champ de compétence sur la thématique abordée et, si possible, avec des spécialistes aux angles d’approche différents. La justification de tels échanges prend tout son sens face à « la faiblesse d’une gouvernance marseillaise figée. »

Un regard sur l’expérience d’autres pays a aussi donné à Aldo une petite idée de ce qui pourrait transformer l’essai de la proposition citoyenne marseillaise en décision politique. Il s’agirait d’une combinaison d’expérimentations, d’actions et d’un système de démocratie aléatoire. Dans ce dernier cas, sur certaines problématiques, les citoyens seraient consultés en proportion de l’importance du sujet par un tirage au sort. Tous les éléments d’information leur seraient ensuite apportés pour qu’ils puissent voter une décision respectée par le pouvoir en place. C’est ainsi qu’au Texas, les mastodontes pétroliers ont dû renoncer à des projets irrespectueux de l’environnement face à la ténacité des citoyens. Pour qu’à Marseille, l’espoir devienne réalité, y a plus qu’à…

 

Guillaume Arias

 

Débat sur le thème « Urbanisme marseillais : l’heure des choix » : le 6/03 au Théâtre de l’Œuvre (1 rue Mission de la France, 1er).

Rens. : https://marseilleetmoi.com