Marc Quer – Projet Marseille 2013 : un trompe-l’œil à la Galerie CuBi

Marc Quer – Projet Marseille 2013 : un trompe-l’œil à la Galerie CuBi

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Taguée au Marc Quer

Marseille 2013 Off présente Marseille2013, un trompe-l’œil, une installation du plus irrévérencieux des artistes marseillais qui, non content de s’attaquer à l’un des symboles architecturaux du Marseille touristique, présente des centaines de dessins à la galerie CuBi. Le ton est donné : grâce au Off, Marseille 2013 promet d’être beaucoup plus drôle que prévu !

L’exposition à la galerie CuBi fait suite à l’œuvre participative que l’on pouvait voir — ou faire — à la Fiesta des Suds. Le visiteur entrait dans un container où trônait l’œuvre de Marc Quer : un tirage grand format de la Tour Saint Jean sur laquelle il avait dessiné au préalable « une bite et des couilles ». A son tour, le visiteur, devenu artiste pour quelques secondes, barbouillait la tour du fanal en la transformant de façon plus ou moins soft.
Tout est dans le titre, à lire au sens propre comme au figuré, qui dit toutes les réticences vis-à-vis d’un évènement factice si les Marseillais en sont exclus. C’est aussi un clin d’œil teinté d’humour et de sarcasme dont Marc Quer est coutumier, oscillant toujours entre cynisme déprimé et beauté du geste ravageuse.
Son travail, qui garde ses distances avec le high-tech, lutte contre la désindividualisation : il réinjecte de l’humain en signifiant sa présence par une faute d’orthographe ou un graffiti qui transforme la Tour Saint Jean en bite, comme on dessine machinalement des moustaches sur un visage. Chantre de la spontanéité absolue, du geste primitif, l’artiste collecte les traces de l’être vivant pas encore totalement abruti par la machine comme Charlot dans Les Temps modernes, celui qui œuvre encore et n’aurait perdu ni son savoir faire, ni son vouloir vivre.
Des phrases (les siennes et celles des autres), des notes, des post-it, des lettres, des factures… L’artiste récolte ce que Bernard Stiegler nomme les « hypomnemata », vecteurs de notre mémoire commune qui participent à notre construction, nous rappelant que par l’échange, on se construit soi-même. Marc Quer propose ainsi une conception singulière de l’esthétique relationnelle. Ces supports de mémoires trouvent ensuite leur place dans son œuvre spatiale, ses sculptures et installations qui révèlent, outre un sens aigu du rapport de la construction et de la forme à l’espace et à l’enfermement (physique et psychologique), une préoccupation pour le précaire et la fragilité de nos lendemains.

Céline Ghisleri

Marc Quer – Projet Marseille 2013 : un trompe-l’œil : jusqu’au 17/03 à la Galerie CuBi (88 rue Curiol, 1er).
Rens. galeriecubi@gmail.com