Majeur et mineur

Majeur et mineur

Durant une dizaine de jours, Gardanne ouvre ses portes au cinéma, visant tous azimuts curieux, cinéphiles et minots pour proposer avant l’hiver une vraie manifestation construite sur l’échange et le mélange des genres… (lire la suite)

Durant une dizaine de jours, Gardanne ouvre ses portes au cinéma, visant tous azimuts curieux, cinéphiles et minots pour proposer avant l’hiver une vraie manifestation construite sur l’échange et le mélange des genres.

On y est. Dix-huit ans. Parvenu à sa majorité, le Festival Cinématographique d’Automne de Gardanne décide de rester peu ou prou dans la droite lignée des précédentes éditions, à savoir un joyeux fourre-tout où l’exigence et la qualité le disputent à l’accessoire. Mettons cette dernière faute de goût sur le compte d’une volonté, sans doute légitime, de toucher le plus grand public possible[1] pour nous concentrer sur les belles surprises de cette nouvelle édition. A commencer par un (petit) coup de projecteur sur la production roumaine, cinématographie qui ne traverse que trop peu, ou mal, les frontières. Quid de ce pays depuis la révolution de 1989 et la chute du couple Ceauscescu ? Trois films viendront y répondre, dont Comment j’ai fêté la fin du monde de Catalin Mitulescu et surtout la Caméra d’Or à Cannes en 2006, 12h08 à l’est de Bucarest, comédie au vitriol sur les évènements susmentionnés qui fait l’objet des meilleurs échos cannois. Deuxième cadeau : le très complet hommage à l’un des plus grands réalisateurs européens, Aki Kaurismaki, avec pas moins d’une dizaine d’œuvres du cinéaste finlandais, parmi les meilleures, dont Leningrad cow-boys go to America ou Tiens ton foulard, Tatiana. Si vous ne connaissez pas sur le bout des doigts la cinématographie de ce véritable génie de l’épure et de l’humour à froid, ruez-vous sur cette trop rare révérence. Parallèlement, le festival proposera une nuit italienne qui, si elle ne brille pas d’une grande originalité, aura l’avantage de faire (re)découvrir trois chefs d’œuvres transalpins en copie neuve, véritable bonheur de cinéphile à l’heure du tout numérique. Quelques séances spéciales tournées vers l’Afrique et présentées par les réalisateurs mériteront également le détour, du Barakat ! de Djamila Sarahoui au Allez Yalah de Jean-Pierre Thorn. Passons sur la sélection officielle et intéressons-nous à l’évènement musical. Malgré notre scepticisme vis-à-vis du ciné-concert, vrai-faux concept très tendance qui n’accouche que rarement de grands moments de cinéma, reconnaissons tout le flair de l’équipe du Festival, qui excelle à exciter nos sens. D’une part par le choix du film, Vive le sport !, un excellent Harold Lloyd fourni en scènes d’anthologie ; d’autre part par le choix musical, le Philarmonique de la Roquette, rôdé depuis plusieurs années à l’exercice. On se souvient encore de l’excellente mise en notes par le trio arlésien du film de Protazanov, Aelita, toute en énergie et en subtilité, présentée sur le toit du Corbusier cet été. Gageons qu’ils sauront derechef nous en imposer au sein de l’ancienne ville minière.

Sellan

Festival Cinématographique d’Automne de Gardanne. Du 20 au 31/10 au cinéma 3 Casino.
Rens. 08 92 68 03 42 / www.cinepaca-festgardanne.com

Notes

[1] Une démarche pourtant vaine au regard du grand nombre de manifestations du même type proposées dans la région, obligeant les programmateurs à plus d’exigence.