© Marcelo Torretta

La Maison à la Galerie Zola

L’avenir de l’home

 

Le chorégraphe Gustavo Giacosa organise, jusqu’au 30 décembre, une exposition à la Cité du Livre d’Aix-en-Provence autour du thème de la maison. L’occasion de découvrir des artistes engagés qui questionnent et revisitent l’idée du chez soi.

 

Gustavo Giacosa est un artiste touche-à-tout, il revendique haut et fort une transversalité de la pensée et des moyens. Dans son idée la représentation, la danse et le théâtre s’entremêlent pour ne faire qu’un. De sa longue collaboration, en tant qu’interprète, avec Pippo Delbono, il ressort un engagement politique où l’artiste refuse une forme préconçue pour mieux se recentrer sur ce qui fait sens. L’exposition La Maison participe à ce vaste champ d’investigation en abordant la question du dedans et dehors, mais aussi du rapport enfants/adultes à travers des œuvres où le corps est central. Dans la fiction du Petit Chaperon rouge, Stéphane Blanquet utilise la précision du motif tissé et renverse la position du dominant/dominé pour faire du loup une petite chose fragile choyée par l’enfant. Il en ressort un sentiment spectaculaire où la sagesse de l’ornement et du motif est défigurée par la fiction qui en émerge. L’enfant s’affranchit de son confort et de ses peurs, pour devenir, lui-même, un symbole sécurisant dans lequel se love le loup. Chez Marcelo Torretta, c’est un jeu de situations qui emmène le corps dans une infinité de postures et nous interroge sur le souci de soi dans un espace commun. Une manière d’interroger le temps libre qui rend la peinture inventive et légère. Dans ce jeu de constructions mentales, l’artiste trouve un champ de représentation infini, la peinture acrylique participe à ce besoin de l’instant en brossant, à la limite de l’esquisse, un vocabulaire du corps qui convoque le sourire. La maison, c’est aussi le lieu du rapport entre l’adulte et l’enfant où se pose la question de qui est l’adulte et qui est l’enfant. Là, des thèmes chers à l’art brut jaillissent de toute part. À commencer par le rêve éveillé, définition chère à Jean-Paul Sartre pour mieux définir la folie. Des œuvres, a priori indéfinissables, transportent la mémoire d’un être déchiré qui, par le biais du dessin, donne un sens à son existence dans une production qui échappe aux codes de la représentation. Le marché de l’art brut est une économie intimiste dont les connaisseurs sont souvent des psychanalystes et la pierre angulaire, le musée de Lausanne. Il est poignant de constater qu’une grande partie de cette exposition appartient à la collection de Gustavo Giacosa et de son compagnon Fausto Ferraiuolo. Cela démontre le degré d’implication de ces deux artistes et l’idée forte de la présence d’un musée entre chez soi et son lieu de travail. Cette collection est une maison, à sa façon, parce que la peinture est indéniablement un espace de rêverie, de résilience, d’abandon et de transcendance. Une surface sur laquelle l’esprit repousse ses limites pour mieux retrouver les mots et redonner un sens intelligible à l’avenir.

 

Karim Grandi-Baupain

 

La Maison : jusqu’au 30/12 à la Galerie Zola (Cité du Livre – 8/10 rue des allumettes, Aix-en-Provence).
Rens. : 04 42 91 98 88 / www.citedulivre-aix.com / www.sic12.org