L’interview : Serge Noyelle

L’interview : Serge Noyelle

Créé avec la complicité croisée de la Ville de Marseille et de la compagnie Styx Théâtre, le Théâtre Nono est un chapiteau en dur qui s’étale tout en long sur 800 mètres carrés dans la campagne Pastré. Co-directeur du théâtre et fondateur de la compagnie, Serge Noyelle nous a accordé un entretien dans ce lieu qui sent la terre mouillée, où l’on croise des jongleurs autrichiens, des faiseurs de décors et… probablement des comédiens.

Un théâtre à côté d’un centre équestre, c’est un cadre charmant mais atypique. Pourquoi ce lieu ?
Au départ, Jean Mangion, le Directeur des Affaires Culturelles de la Ville de Marseille, avait envie de faire un théâtre dans les quartiers sud, un peu pauvres en la matière. La Ville avait l’idée de faire de ces quartiers une zone « culture et loisirs ». Un théâtre à côté du centre équestre, j’ai trouvé que c’était une belle idée.

Quelle est l’histoire de ce nom, Nono ?
A l’époque où la compagnie jouait le Cabaret Nono à Marseille, tout le monde nous a désignés comme ça et nous sommes restés les « Nonos ». D’ailleurs, maintenant qu’il y a le théâtre, le Styx va devenir la compagnie Nono.

Y a-t-il une marque de fabrique propre à ce lieu ?
Je crois qu’on est tous des enfants de Mnouchkine… On veut être avant tout un lieu de création théâtrale, une maison de théâtre, où l’on est comme chez soi et où l’on travaille. On souhaite favoriser les rencontres avec des troupes internationales, qu’elles s’installent chez nous, et aussi avec des artistes marseillais. Le but est de créer à Marseille des spectacles qui tournent par la suite en Europe. Le métissage est nécessaire également. Moi, je vais de l’opéra à l’art de rue… Nous allons prochainement accueillir le Théâtre de la Criée qui sera en travaux, pour deux représentations du Roi Lear, et l’année prochaine, la compagnie travaillera avec des circassiens, pour une commande qu’un cirque nous a passée.

Quel est le théâtre que la compagnie a envie de jouer ici ?
Notre travail est très visuel. Le but est d’associer les arts visuels au travail de texte. Dans ma vie, j’ai fait des arts graphiques et des arts plastiques. Je voudrais montrer qu’on peut être plasticien et philosophe, que ce n’est pas parce qu’on est plasticien qu’on ne pense pas. Je m’intéresse au cheminement sémantique à partir de la forme. Les acteurs anglais, allemands, les danseurs coréens que j’ai rencontrés m’ont beaucoup appris, et de ces cultures partagées est né quelque chose d’hybride et de décalé, qui consiste à intégrer du chant et de la danse dans un théâtre visuel. En octobre, on va créer un spectacle qui sera un labyrinthe, avec des comédiens, des chanteurs. Le spectateur pourra évoluer dans ce labyrinthe et tisser son propre itinéraire textuel, visuel, sonore.

Histoires du chapeau est la première représentation qui va être donnée au Théâtre Nono. Vous teniez à baptiser le théâtre avec une création jeune public ?
Oui, je tenais à ce que ça soit des minots qui viennent en premier dans ce théâtre, car c’est à eux qu’il appartiendra demain… On va d’ailleurs faire un gros travail avec les scolaires. Et pourquoi pas, créer une école d’acteurs.

Propos recueillis par Marion Bonnefond

Histoires du chapeau, du 10 au 17/06 au Théâtre Nono (35 Traverse de Carthage, 8e).
(Le Théâtre accueillera également certaines représentations du Festival de Marseille, du 20/06 au 17/07)