L’Interview : RPZ

L’Interview : RPZ

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Cela fait un petit moment que nous voulions vous présenter le rappeur marseillais RPZ. Sa programmation dans le cadre du festival de chanson française Avec le Temps est donc le prétexte idéal. En dessinant sa vie de freestyles en concerts, il fait désormais office de référence bien au-delà du noyau originel de la Plaine. Entretien avec l’accélérateur de particules d’un hip-hop local que l’on supposait en perte de vitesse.

Le fait de « rapper » tout ce qui te traverse te tient à cœur. Mais y a-t-il des limites entre l’homme et l’artiste ?
Oui, j’aborde beaucoup de thèmes différents inspirés de mon vécu, bien que je ne mélange pas ma vie d’artiste et ma vie privée. C’est bien pour ça qu’on l’appelle « vie privée », non ?

Comment décrirais-tu l’éthique de vie que tu sembles défendre ?
Une éthique assez simple basée sur le respect de chacun. Peut-être parfois trop honnête. Je tiens surtout à respecter l’intégrité physique et morale de chacun.

Avec l’ascension d’Internet, qui a complètement modifié le marché du hip-hop, penses-tu que l’on puisse toujours parler d’underground et de mainstream ?
Oui bien sûr, si l’on part du principe que l’underground est un état d’esprit. Il a su s’adapter à Internet avec plus ou moins de succès.

Le fait d’être programmé dans un festival grand public de chanson française est-il important à tes yeux ?
Oui, comme toutes les scènes sur lesquelles je joue, tout particulièrement si les plateaux sont de qualité. Je jouerai ce soir-là aux côtés d’Epsylone… En tant que fan de George Brassens et d’autres chanteurs à textes français, cela me fait plaisir d’être programmé dans ce festival avec la complicité d’une petite salle en développement (NDLR : le Nomad’ Café).

Quels sont les pièges à éviter lorsque l’on se professionnalise ? A l’inverse, quels sont les bons côtés ?
Tu t’aperçois surtout que tu perds moins de temps et donc que tu avances plus vite. Mais ça devient un job, ça t’engage donc à plus de responsabilités, comme éviter d’attraper la grosse tête…

Dans le morceau Marseille, bel hommage au hip-hop phocéen, tu dis que « la capitale de la rupture est pour 2013 ». Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Bien que je ne sois pas conservateur, force est de constater que la ville subit des changements assez violents. Tout devient plus cher, on enlève les bancs sur lesquels on pouvait se caler, on imagine des plans de constructions… Bétonner sans « escales possibles » laisse de moins en moins de place aux personnes les plus démunies. La question se pose également sur la répartition des fonds destinés à Marseille Provence. A croire que l’on laisse aux riches « entrepreneurs » venus d’ailleurs une meilleure place au soleil que celle réservée aux locaux !

D’ailleurs, qu’est ce qui selon toi forge l’identité hip-hop marseillaise ?
Sa spontanéité et sa créativité. Je parle du « vrai peuple marseillais », celui qui adopte la ville et qui, à son tour, est adopté. La scène hip-hop marseillaise ne voit pas venir un retour de popularité au niveau national. Ici, nous créons des ovnis, dont les meilleurs exemples pourraient être Inch’Allah de la Fonky Family, ou encore l’album Chroniques de Mars

Le futur ?
On se rassemble. On est déjà dans le futur, et bientôt de retour du futur… Du swing solide est en préparation : je sors très prochainement un « zoom » (à télécharger sur les différentes plateformes légales) sur des morceaux que je n’avais jamais eu l’occasion de diffuser. Et puis il y a la compilation Entre 2 Réflexions du label Boumqueur, déjà disponible dans sa version digitale. Je bosse sérieusement sur de nouveaux projets, toujours avec Boumqueur, bien que la priorité actuelle reste la scène, pour partager des moments forts avec le public.

Propos recueillis par Jordan Saïsset
Photo : Pirlouiiiit – concertandco.com

En concert avec Epsylone le 24/03 au Nomad’ Café (11 boulevard de Briançon, 3e), dans le cadre du festival Avec le Temps.
Rens. www.myspace.com/rpzmarseille / www.festival-avecletemps.com