L’interview - R-Wan

L’interview – R-Wan

A l’occasion d’un triple concert réunissant les gouailleurs de Java au rasta jamaïcain Winston Mc Anuff, rencontre avec R-Wan, chanteur du populaire groupe parisien et récent auteur d’un sympathique album solo… (lire la suite)

A l’occasion d’un triple concert réunissant les gouailleurs de Java au rasta jamaïcain Winston Mc Anuff, rencontre avec R-Wan, chanteur du populaire groupe parisien et récent auteur d’un sympathique album solo.

Java, c’est un peu le croisement entre un bal musette et une « block party », non ?
Ouais-ouais, musette, « block party », sound system… L’important, c’est de faire vivre son folklore. Pendant longtemps, les membres de Java ont grandi avec des musiques américaines, jamaïcaines, et au début, on essayait des les copier. On avait un complexe vis-à-vis d’eux. Et puis petit à petit, on a cherché nos propres racines, comme réintroduire l’accordéon afin de l’utiliser comme une guitare électrique. C’est une prise de conscience qui a déterminé notre démarche, un processus presque intellectuel : se réapproprier la tradition française, sans nostalgie.

De quand date ce déclic ?
C’est à partir du rock alternatif français que l’on a pu jouer notre rôle contre-culturel en affirmant notre propre identité. Mais moi, La Mano Negra, Les Ludwig… Je trouvais ça bien mais je ne m’y retrouvais pas dans les textes : ça manquait de conscience politique. On en a gardé l’énergie et on a aussi pioché du côté des sound-systems reggae et rap, qui nous ont permis de mettre l’accent sur les textes et de faire un truc plus engagé. Un groupe comme Les Négresses Vertes, avec une identité forte, des instruments traditionnels et un ton léger, a pu représenter une sorte de modèle.

Avec tout ça, la collaboration avec Winston Mc Anuff semble presque naturelle ?
En fait, mon album solo[1] a été produit par Makasound, un label spécialisé dans les rééditions et les productions reggae. Ils produisaient Winston, et lui aussi voulait sortir des clichés reggae ; il avait déjà bossé avec Camille Bazbaz par exemple. L’album ressemble à une suite de sessions improvisées, un peu comme dans les 70’s, pas à un travail de studio classique. D’ailleurs, mon couplet sur Paris rockin’, j’ai essayé de le réenregistrer plusieurs fois mais aucune prise n’était aussi bonne que la première, qui était improvisée…

Comment Renaud a-t-il accepté, sur ton album solo, ta reprise de Laisse béton que tu as appelée Lâche l’affaire ?
Facilement en fait : je l’ai contacté par un pote commun de Fluide Glacial. Au départ, c’est un clin d’œil, Renaud j’adore, surtout les débuts. Il a bien aimé la version et c’est parti. Je ne pensais même pas que ça figurerait un jour sur disque.

Sur ton album, les ambiances sont très différentes, on a l’impression de faire un petit tour du monde musical. Radio Cortex, c’est une bande FM élargie ?
En fait, je ne suis pas instrumentiste, je ne peux pas chercher des trucs au niveau du son, alors je cherche autre chose… Des textes qui pourraient décrire une ambiance. L’idée de l’album, c’est le voyage. Le disque s’est fait un peu « à l’arrache », enregistré à Paris chez des potes, je voulais sortir de la grisaille, de l’hiver. J’imaginais que les ondes radio, c’était la mer, un truc qui te porte… Et que moi, le chanteur, j’étais un petit personnage faisant escale dans plein d’îles ou de pays différents.

Samedi soir, on va te voir trois fois. Une fois en solo, une autre avec Winston McAnuff, et une autre avec Java. Trois concerts pour le prix d’un : c’est les soldes chez R-Wan ?
(Rires) En fait, sur scène, c’est pas figé. Avec Winston, je n’apparaît que sur une chanson, avec Java, on a notre répertoire, et je viendrai aussi défendre mon album solo. On aurait aussi pu faire un show où tout s’entremêle, mais trois heures de concert pour le public, c’est pas le top. Là, ça donne une succession de trois concerts, avec des passerelles entre chacun d’eux. Tu sais, la forme que prend un concert, c’est important, mais l’essentiel, c’est ce que tu donnes.


PROPOS RECUEILLIS PAR NAS/IM

Java + Java vs Winston Mc Anuff + R-Wan, le 18 au Moulin, 20h30. Rens. 04 91 06 33 94
Paris rockin’ (Black Eye/Pias)

Notes

[1] R.Wan présente Radio Cortex (Black Eye/Pias)