L’Interview : Ildi ! Eldi !

L’Interview : Ildi ! Eldi !

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Collectif débordant d’idées et d’énergie, Ildi ! Eldi ! s’invite au Merlan avec ses amis pour un week-end placé sous le signe de l’inattendu, de la fête et de talents multiples.

Pourquoi avoir créé ce collectif ?
On était trois acteurs qui nous connaissions déjà (NDLR : Sophie Cattani, Antoine Oppenheim et Francois Sabourin). Chacun de nous a eu envie de se mettre au service de ses propres envies plutôt qu’à celles d’un metteur en scène. On n’est pas contre le fait d’être dirigé, mais on a eu envie d’être plus que de la pâte à modeler : devenir un acteur pensant. Lorsqu’on sait très bien ce que l’on raconte et pourquoi on le raconte, cela devient très facile de jouer. Dès lors, on a réfléchi comme un vrai collectif, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de metteur en scène, à la différence de beaucoup de groupes qui, sous l’appellation « collectif », ont en fait toujours un chef ou une tête pensante. On se tient à cette idée et de fait, on est à tous les postes : jeu, mise en scène, scénographie, costumes, lumières.

Le fait d’être en collectif a-t-il changé votre manière de voir votre métier et de travailler ?
On se concentre davantage sur le fond, le sens, la transmission au spectateur. On s’est rendu compte, en tant que spectateurs, que le théâtre n’était pas forcément facile d’accès. Donc le but du jeu, sans être populiste, c’est de le rendre plus accessible. On essaye aussi d’être vraiment au plus proche des gens, de les intégrer dans notre travail. On ne fait pas juste une représentation, on construit avec le public, on crée des interactions. Dans un même temps et toujours dans cette optique, on a envie de s’inscrire dans la vie marseillaise, de militer pour que des lieux comme Montévidéo continuent d’exister. D’abord parce qu’ils ont été parmi les premiers à nous accueillir et aussi parce qu’ils font partie de ces endroits culturels qui mettent en avant la nouveauté, l’originalité, les jeunes talents…

D’où la collaboration avec le Merlan ?
Le Merlan a coproduit notre second spectacle, L’Argent ou ce qu’il en reste. L’idée de cette collaboration est venue au fil de discussions. On a commencé par imaginer un projet ensemble et au final, ils nous ont laissé carte blanche avec la possibilité d’inviter d’autres artistes. C’est un luxe, un privilège génial !

De quelle manière avez-vous pensé cette carte blanche ?
Puisqu’on avait les mains libres et tout un week-end, on a vraiment laissé libre cours à notre imagination. On s’est dit : « Si j’étais spectateur, qu’est ce que j’aimerais trouver à ce rendez vous ? » On a donc cherché à faire quelque chose de pluridisciplinaire, pour créer une rencontre inattendue. Le théâtre est censé rassembler des gens ; pourtant, ça devient de plus en plus élitiste, alors que le plaisir, c’est de rester après le spectacle, de partager. C’est notre but avec ce week-end : désembourgeoiser le rituel théâtral et donner envie à notre public d’échanger avec et sur les artistes. Ça se fait déjà, on n’a rien inventé. Le Merlan est un lieu propice pour ça. Son public est vraiment multiple, ouvert.

A quoi doit justement s’attendre le public durant ce week-end ?
A être surpris, on l’espère ! Ce sera multiple : du théâtre, de la musique, des rencontres… avec nos créations et les contributions de nos amis. On a voulu faire quelque chose de très convivial. Le seul qui n’est pas un proche mais dont on adore le travail, c’est Napoleon Maddox, un gars génial. On a naturellement pensé à lui pour un concert. Il fait aussi une master class sur le beatbox.

Et vous, qu’en attendez-vous ?
C’est pour le public que l’on fait du théâtre, pas juste pour se faire plaisir. La notion de rassemblement nous intéresse autant que la représentation. Donc si les spectateurs restent pour faire la fête samedi soir, on aura réussi notre pari !

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’action mise en place avec le Waaw, basée sur le troc ?
L’idée est venue de notre pièce L’Argent ou ce qu’il en reste : on s’est interrogé sur ce que l’on pouvait encore troquer dans notre société. Le livre est apparu comme un bon produit à échanger. Pas pour s’en débarrasser mais davantage comme une transmission. Chaque donateur a la possibilité de laisser un mot sur le livre qu’il donne pour dire pourquoi il a aimé ou pas cet ouvrage. Là encore, on espère créer des liens entre les participants.

Avez-vous des projets pour Marseille Provence 2013 ?
Pour l’instant, rien n’est clair ; si l’on participe, ce sera à travers ActOral. Même si rien n’est défini, ça nous plairait de faire partie de cet évènement.

Propos recueillis par Aileen Orain

Ildi ! Eldi ! & ses amis : les 30 & 31/03 au Théâtre du Merlan (avenue Raimu, 14e).
Rens. 04 91 11 19 20 / www.merlan.org / http://ildieldi.com/

Workshop avec Napoleon Maddox (gratuit, dès 15 ans) : du 26 au 28/03.
Rens. 04 91 11 19 30
B.E.P. (Bibliothèque éphémère permanente) : les 30 et 31 au Merlan (dépôt de livres le 21 dès 19h au Waaw – 17 rue Pastoret, 6e. Un livre = un apéro offert !)