L’Interview : Abd Al Malik

Coïncidant avec le centenaire de la naissance de Camus, la Capitale européenne de la Culture ne pouvait décemment pas se passer d’un hommage à l’écrivain. Après l’avortement de la grande exposition prévue à Aix pour l’occasion, Abd Al Malik reprend le flambeau avec une création à mi-chemin entre concert et spectacle littéraire. Interview au débotté à quelques jours de la première.

 

Pourquoi avoir choisi Camus ? Est-ce une commande ?
Il s’agit effectivement d’une commande, mais disons qu’elle est arrivée à un moment particulier de mon parcours. Je suis un « camusien » de longue date et travailler sur ce projet a été pour moi comme un retour aux sources, un retour aux origines.

Comme Albert Camus, qui a pris position pour de nombreuses causes, vous militez pour la paix, contre l’illettrisme, pour la planète aux côtés de Raoni… Peut-on faire un parallèle entre vous ?
Nos origines sociales, le rôle central de nos mères respectives et la culture comme moyen de transcender notre condition nous rapprochent sans aucun doute, mais Camus reste néanmoins pour moi un référent artistique absolu.

Que pensez-vous de l’imbroglio autour de Camus qui a agité la Capitale avant même son commencement ?
Ce triste imbroglio montre qu’au-delà de Camus lui-même, l’épisode de l’Algérie française est encore un sujet sensible et complexe.

N’est-ce pas une grosse pression finalement de proposer l’un des seuls événements importants autour de l’écrivain en cette année « capitale » ?
Non, pas de pression particulière, l’honneur n’en est que plus grand.

Les thématiques évoquées par les nouvelles de L’Envers et l’endroit résonnent aussi fort aujourd’hui qu’à l’époque. On pense notamment aux révolutions arabes…
Au centre de l’œuvre de Camus se trouvent les notions de justice, de liberté et de responsabilité. En fait, il nous montre — et effectivement les révolutions arabes en sont la preuve — que, in fine, c’est au peuple lui-même (à la fois en tant que peuple et individu) de redonner du sens à l’Histoire.

Pourquoi adopter une forme pluridisciplinaire pour ce spectacle ?
Ce qui me tient le plus à cœur dans ce spectacle, c’est de remettre le livre en tant qu’objet au centre. Je voudrais offrir quelque chose de différent de ce que j’ai l’habitude de proposer sur scène.

Propos recueillis par Pascale Arnichand

 

Abd Al Malik – L’Art et la révolte : du 12 au 16 au Grand Théâtre de Provence (380 avenue Max Juvénal, Aix-en-Provence), dans le cadre de MP 2013, Capitale européenne de la Culture.
Rens. 04 42 91 69 70 / www.grandtheatre.fr

 

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Pour en savoir plus : www.abdalmalik.fr