Liberté d’expression

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« Dans ton cul », certes oui, mais pourquoi donc ?

Nous avons tous dans notre entourage un « petit rigolo » — oui, c’est un fait avéré le rigolo est toujours petit, il n’y a qu’à entendre Grand Corps Malade pour s’en convaincre — qui répond systématiquement un « Dans ton cul » fleuri et absurde, qui, sauf exception — moi par exemple —, ne fait rire que lui. Du marronnier téléphonique (« T’es où ? ») à l’interrogation domestique (« ‘tain, où sont les clés ? ») en passant par la « question-bâton-pour-se-faire-battre » (« T’as fini où hier soir ? »), la réponse est univoque, implacable et sans appel. Pourtant, contrairement à une idée reçue, l’expression drolatico-sodomite n’a pas trouvé son fondement dans la Grèce antique, même s’il est de notoriété publique que les Hellènes et beaucoup de garçons s’adonnaient aux joies de la fouille profonde. Ben non, figurez-vous que le premier « Dans ton cul » a été localisé dans Rambo III, il y a vingt ans, et prononcé par le colonel Trautman, en pleine séance de torture. En effet, sommé par ses tortionnaires russes de révéler où l’armée US planquait les missiles, l’ami de John Rambo, celui-là même qui dans le premier volet nous promettait l’enfer si on cherchait des noises à son poulain, lâcha ce désormais mythique — puisque rentré dans les an(n)ales — et finalement malvenu — puisque l’effronté en mourra — « Dans ton cul ». Si l’histoire ne nous dit pas si les adeptes de cette vanne « cul-cul-la-praline » sont fans de la filmographie « ramboldienne » (ou de l’amande sucrée, pourquoi pas), il y a fort à parier qu’à la lueur de cette information capitale, ils feront moins les bas du front à l’avenir. Voire les faux culs. Drôle de chute (de rein).

Henri Seard