Les témoins - (France – 1h55) de André Téchiné avec Emmanuelle Béart, Michel Blanc, Johan Libéreau…

Les témoins – (France – 1h55) de André Téchiné avec Emmanuelle Béart, Michel Blanc, Johan Libéreau…

Les années 80, le milieu homo, les lieux de rencontres nocturnes, l’apparition du virus du sida… Le sujet du dernier film d’André Téchiné est prometteur car il occupe un espace que le cinéma français déserte depuis longtemps… (lire la suite)

J’embrasse plus…

Les années 80, le milieu homo, les lieux de rencontres nocturnes, l’apparition du virus du sida… Le sujet du dernier film d’André Téchiné est prometteur car il occupe un espace que le cinéma français déserte depuis longtemps. Les Témoins s’inscrit aussi dans la lignée de ses films précédents qui, de J’embrasse pas à Les roseaux sauvages, nous content l’histoire d’un passage (à l’âge adulte, de la vie en province à la vie parisienne…). Toutefois, le passage sera ici tragique car une nouvelle maladie en a décidé autrement : on passe directement de la vie à la mort. Manu, jeune provincial, débarque à Paris où il partage la chambre de sa sœur Julie, dans un hôtel de passe. Il fait la connaissance d’Adrien, un médecin quinquagénaire qui tombe sous son charme et qui lui présente Mehdi et Sarah, un flic et sa femme écrivain. L’amitié devient alors très vite charnelle et les relations s’effritent peu à peu. Ni historique, ni documentaire, le film nous déçoit tout d’abord par l’utilisation maladroite de quelques procédés trop usités et trop peu crédibles, comme la voix-off d’Emmanuelle Béart guidant notre lecture du film. Raconter l’histoire de plusieurs personnages est louable, mais chacun d’eux est un peu trop caractérisé et tous finissent par devenir presque caricaturaux. Le casting, a priori alléchant, s’avère très décevant, de Michel Blanc, pas vraiment à l’aise en homosexuel solitaire, au jeune Johan Libéreau, dont le jeu un peu brut manque de chaleur. Seul Sami Bouajila, en flic beur bisexuel (oui, ça existe !) s’en tire plutôt bien. Mais le plus déroutant demeure les dialogues souvent insipides et qui ne sonnent pas toujours vrai. On peut accorder au film une bonne part de sincérité et un réel optimisme, ce qui aurait peut-être suffi à alimenter notre enthousiasme si le film avait été réalisé par un jeune auteur, mais s’agissant d’André Téchiné, on ne peut s’empêcher d’être déçu, Les témoins nous apparaissant presque aussi malade que le sujet qu’il traite.

nas/im