Shadow Survivors par la Cie Zora Snake © Max MBakop

Les Rencontres à l’Échelle

Échelle de riches terres

 

Pour leur dix-septième édition, les Rencontres à l’Échelle se posent et s’imposent comme une véritable baie vitrée sur le monde et ses agitations, mettant en écho une multiplicité de points de vue pour dessiner un paysage commun. Tour d’horizon.

 

 

« Les Rencontres à l’Échelle sont traversées par ce que disent et font des voix venues de plus loin et par celles qui se hissent juste à nos côtés : des voix comme autant d’alternatives aux récits dominants, autant de récits qui se risquent à l’intime et racontent comme certaines cultures que les rêves ne s’opposent pas à la réalité. »

Ces voix, que Julie Kretzschmar et l’équipe des Bancs Publics réunissent chaque année pour mettre en perspective ce que l’histoire nous raconte de nous-mêmes, viennent de Lisbonne, Alexandrie, Beyrouth, Yaoundé, Kinshasa, Cape Town… Chacune à leur manière, elles cherchent à interroger leurs origines, « à l’intersection des questions raciale, sociale et de genre », se faisant chambre d’écho de tout ce qui les nourrit : mots, gestes, histoires anciennes ou contes modernes. Car il s’agit ici tout autant de panser le passé (Géométries de vies de Michael Disanka et Christiana Tabaro) que de penser le présent (Petra Serhal) et d’imaginer le futur (Shadow Survivors de Zora Snake).

Dessinant un puzzle de près d’une vingtaine de propositions qui convoquent moult disciplines (théâtre, danse, performance, musique, cinéma), les Rencontres à l’Échelle s’adressent autant à nos sens qu’à notre intellect. Les récits intimes et représentations du monde s’y mêlent pour questionner l’identité (La Peau entre les doigts de Catol Teixeira) comme la force du collectif (Minen Kolotiri : Sculpter le droit par le droit par le Bureau des Dépositions ; Sœurs de Penda Diouf, Marine Bachelot Nguyen et Karima El Kharraze).

Mais c’est surtout la migration et l’exil que ces jeunes créateurs des « Suds » porteront au plateau, interrogeant tout autant la mémoire familiale (Voilà le temps d’Éric Androa Mindre Kolo) que coloniale (Limbo du Portugo-mozambicain Victor De Oliveira), le déracinement (Le Chant du père de Hatice Özer) que l’enfer des parcours migratoires (Pièce d’actualité n°17 : En vrai, une enquête sur scène des journalistes Étienne Huver et Jean-Baptiste Renaud, mis en scène par Marie-José Malis) ou le statut des réfugiés (We are everywhere de Qondiswa James).

Toutes ces propositions tendent à le prouver : la (sombre) réalité du monde pousse à la gravité. Dans ce contexte, la musique, la danse, la fête n’en apparaissent que plus essentiels, exutoires bienvenus dans une histoire qui s’écrit en rouge sang, particulièrement en Afrique et au Proche-Orient. Le Kinois Lova Lova en témoignera via un concert mêlant rock et musique traditionnelle congolaise, à l’instar d’Imed Alibi et Khalil Hentafi qui proposeront une plongée dans les cultures (club) populaires du nord de l’Afrique.

De la Friche au Mucem, en passant par Montévidéo et la Cômerie, la cité phocéenne n’aura jamais mieux mérité sa réputation de ville-monde que pendant ces dix jours d’intense création.

 

CC

 

Les Rencontres à l’Échelle : du 8 au 18/06 à Marseille.

Rens. : www.lesrencontresalechelle.com/

Le programme complet des Rencontres à l’Échelle ici

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