Le village des Portes Ouvertes Consolat

Les Portes Ouvertes Consolat

L’Interview
Perrine Verstraeten (association POC)

 

Une initiative collective qui se pérennise, un quartier en ébullition artistique le temps d’un week-end : voilà ce que les Portes Ouvertes Consolat (POC pour les intimes) proposent aux Marseillais depuis neuf ans déjà. Pour en savoir plus sur ce festival atypique, rencontre avec la pétillante administratrice de l’association mère.

 

Quelles sont les grandes lignes de l’association Portes Ouvertes Consolat ?
Sur le modèle des Portes Ouvertes de Belleville, en 2006, nous avons eu envie de créer un parcours dans plus de cinquante lieux du quartier Hauts Canebière, avec un vernissage commun le vendredi soir et des expos visibles tout le week-end. Les gens déambulent dans les rues et l’association propose des formes dans l’espace public pour agrémenter le parcours, comme des ateliers pour les enfants, des performances… L’objectif est donc de proposer une programmation artistique in situ avec deux volets imbriqués l’un dans l’autre : le territoire et les arts plastiques. Au fil du temps, l’association s’est installée dans la Galerie Andiamo, a développé d’autres projets et compte aujourd’hui deux salariés…

 

Il y a énormément d’ateliers d’artistes et de galeries d’art dans ce territoire. Quelle est l’histoire de ce quartier ?
Il a été florissant au 19e siècle, avec la construction du Palais Longchamp qui rayonnait (grâce au château d’eau) sur tout Marseille, puis l’hôtel particulier Grobet-Labadié qui a dédié à la ville une collection de tapisseries et d’objets de cette époque-là. Le boulevard Longchamp était très bourgeois (et l’est toujours) et, dans les années 60, des maisons de production de cinéma s’y sont implantées. Aujourd’hui, c’est un quartier mixte à l’image de Marseille, avec les rues adjacentes au boulevard, comme la rue Consolat, beaucoup plus populaires. Enormément d’associations s’y sont installées car les locaux ne sont pas très chers, beaucoup d’artistes y habitent et la vie de quartier s’en ressent.

 

Comment se passe la programmation du festival ?
Les lieux se sont vraiment appropriés la manifestation et réfléchissent un an à l’avance à leur programmation pour le festival ! Ils ont compris que c’était une très bonne occasion pour faire découvrir leurs structures aux Marseillais. On retrouve surtout des artistes locaux qui, pour certains, reviennent chaque année aux POC, il y a même ceux comme Christophe Rodiac qui cherchent tout seul de nouveaux espaces pour être exposé ! Pour les lieux qui ne sont pas en lien avec des artistes (le restau Dame Oseille ou la boutique France Vel par exemple), nous leur en “fournissons” un… Nous sommes surtout vigilants au fait qu’il y ait un lien visible entre l’artiste et le lieu, afin que l’accueil soit chaleureux pour le public.

 

Quel est l’intérêt pour les artistes de participer au POC ?
Il s’agit de trois jours de visibilité, durant lesquels l’art est décloisonné des circuits habituels. Les artistes apprécient de pouvoir parler de leur travail et d’avoir des instants de rencontres privilégiés avec le public. C’est comme un vernissage qui dure trois jours… De plus, sur le site web des POC, il y a une fourchette de prix qui est affichée pour chaque artiste, ce qui leur permet de vendre, parce que l’intérêt est aussi là !

 

Y a-t-il une thématique commune au festival cette année ?
Il n’y a jamais eu de thématique ; il s’agit de 52 lieux avec 52 histoires : des ateliers d’artistes, des figures du quartier qui sont d’un dynamisme hallucinant. L’idée est de les mettre en lumière durant le festival. Il faut s’attendre à rencontrer des amateurs et des artistes confirmés mis dans des situations d’exposition peu classiques, et se laisser surprendre par ces rencontres impromptues. Au Village (l’espace d’information et de détente), le public découvre des artistes professionnels des arts vivant et plastiques. Ils proposent des formes en cours de création afin de faire connaître leur travail et tester le rapport au public, à l’instar de La Conflagration qui crée Proto Jet, un dispositif interactif et ludique où tout ce qui nous entoure peut être générateur de son. Donc thématique… l’éclectisme ? (rires)

 

Au niveau de la mise en place du village, est-ce que la ville coopère ?
Le service associé (la DCRP) coordonne les diverses demandes d’autorisations. Après, on constate un durcissement du règlement des normes de sécurité et une privatisation de l’espace public : il faut payer une redevance sur l’espace occupé, payer un service privé pour faire éteindre l’éclairage public…

 

Qu’est-ce qui vous fera dire que c’est une édition réussie ?
Tellement de personnes s’investissent pour faire vivre le festival qu’il est important pour nous que du monde passe. Mais on sera attentif à la qualité des retours, concernant notamment l’organisation — par exemple que tous les lieux respectent les horaires d’ouvertures… Il faut que l’ambiance soit détendue et en même temps qu’il y ait une exigence sous-jacente.

Propos recueillis par Diane Calis

 

Festival POC – Portes Ouvertes Consolat : du 3 au 5/10 dans le quartier Consolat/Hauts de La Canebière (1er).
Rens. www.festivalpoc.fr