Le(s) pas comme un(s) présenté à la Cité, Maison de Théâtre

Le(s) pas comme un(s) présenté à la Cité, Maison de Théâtre

L’ado : l’essence d’un discours pas commun.

Faisant ses premiers pas sur le plateau de la Cité sous la houlette de Karine Fourcy, une troupe d’adolescents a esquissé une vibrante radioscopie de la jeunesse actuelle.

Les%20pas%20comme%20uns.pngA l’origine de l’aventure, il y a une parole, entrecoupée de silences, née de confidences ou de révoltes. Il y en pour tous les goûts : quartiers nord /quartiers sud, lycéens et étudiants, filles et garçons. Quinze adolescents, venus des quatre points cardinaux d’une Marseille riche de sa disparité, se risquent à l’épreuve de vérité : celle du théâtre. C’est ainsi que s’esquissent les contours d’un projet ambitieux, la création d’une troupe d’adolescents, Le(s) pas comme un(s).
Les voici donc projetés sur le plateau de la Cité pour nous livrer quelques fragments d’une longue conversation entamée voilà deux ans autour de ce qui fait leur quotidien. Puisqu’ils sont condamnés à être l’avenir, leurs discours et leurs regards appréhendent peu à peu une réalité complexe : le monde des adultes, des parents. Et peu importe s’il faut en passer par les stéréotypes d’une confrontation attendue : soupirs exaspérés devant la litanie de reproches (« Tu pourrais ranger ta chambre », « Fais tes devoirs », etc.), regards réprobateurs sur les insuffisances de tel ou tel… Il est parfois nécessaire de dire l’évidence pour en saisir les failles et permettre une rencontre, ici émouvante, drôle et juste. Un fil tendu qui relie plus sûrement qu’il ne tranche ou scinde. De même, les clivages s’estompent au fur et à mesure que les langues se délient. Cette maïeutique est l’aboutissement d’un travail d’exigence mis en place et mené par Karine Fourcy, metteur en scène de la Compagnie Traversée(s) nomade(s).
Habilement servis par les jeux de lumière et le travail sur les corps — protégés au creux de clairs-obscurs respectueux de ce qu’ils sont —, intime et « extime » se côtoient, se dévoilent sans voyeurisme ni crispations. De cette fragilité d’un entre-deux-âges naît la force des rêves, des désirs et des rires partagés. On se surprend alors à murmurer « Ah ! Elle est belle la jeunesse ! »… sans la moindre nuance d’ironie.

AFH

Le(s) pas comme un(s) était présenté à la Cité, Maison de Théâtre, du 21 au 24/04.