Phoenix aux Lives au Pont © Ethan Miller/Getty

Les festivals musiques actuelles

L’été en pente douce

 

Pop, rock, hip-hop, électro… Les musiques actuelles font leur show cet été sur la côte méditerranéenne. Les pieds dans l’herbe ou le sable, de Sète à Nice, en passant par Hyères et le Pont du Gard, tour d’horizon des festivals qui vont faire résonner guitares et claviers cet été.

 

Malgré de réelles avancées avec la multiplication des festivals et une scène locale désormais adoubée par « l’intelligentsia » parisienne, les amateurs de pop (au sens large du terme) ne sont guère à la fête par ici tout au long de l’année. Les tourneurs spécialisés demeurent frileux, hésitant à envoyer leurs poulains dans un territoire qui a du mal à se défaire de son étiquette exclusivement « Sud » (world, hip-hop, ragga…). Mais quand vient la chaleur de l’été, les propositions se mettent à pleuvoir. A un rythme étourdissant. Il faut dire qu’entre son climat et sa pléthore de lieux enchanteurs, la région se prête particulièrement bien à l’exercice. Sans parler de programmations de plus en plus excitantes. Et à ce jeu-là, le Midi Festival, même « mini » (formule resserrée sur deux jours et un seul lieu), remporte encore la palme : autour des « habitués » Panda Bear et François & The Atlas Mountain, l’avant-garde de l’Internationale indie est invitée à s’emparer de la sublime Villa Noailles. Inutile d’en détailler le line up, constitué d’inconnus pour la plupart, ce qui fait l’essence même de la manifestation — la découverte. Principe qui semble également présider à un autre festival varois, Rockorama : une invitation à rêver et à danser dans le petit jardin de la Tour Royale à Toulon, en compagnie d’artistes d’ici (Tatiana Sauvage, Oh! Tiger Mountain, Sarah Goldfarb) et d’ailleurs (Summer Heart, Sascha Funke, mais aussi les projets solos des enivrants Epic 45, My Autumn Empire et Field Harmonics).
Lieux de destination privilégiés pour les amateurs de « musiques actuelles », le Pont du Gard (Lives au Pont) et le Palais des Festivals de Cannes (Pantiero) offrent sans doute les plus belles affiches estivales. Le premier en présentant, le temps d’une soirée sur son site exceptionnel, un condensé de ce que la pop française et internationale a produit de meilleur ces dernières années (Phoenix, Metronomy, La Femme, Todd Terje…) ; sans compter l’affiche de la veille, plus disparate mais non moins alléchante, réunissant notamment London Grammar, Method Man & Redman, Chinese Man ou encore James Blake. Le second grâce à une programmation savamment dosée, à mi-chemin entre mainstream et underground, capable de faire cohabiter sur une même scène le « prodige » français Woodkid et les popeux russes Motorama, les grands Breton et les rêveurs français Isaac Delusion, les psychédéliques Glass Animals et les (sur)réalistes Orgasmic & Fuzati.
Moins impressionnantes, les Nuits Carrées d’Antibes constitueront toutefois un délicieux avant-goût des réjouissances estivales ce week-end, avec une programmation éclectique, oscillant entre groove ravageur (Lords Of The Underground, Sweatshop, Jukebox Champions) et pop en apesanteur (Balthazar, Saint Michel). Le Puget Live Festival assurera quant à lui une fin d’été de toute beauté en conviant notamment le Gorillaz Sound System, les rockers français Gush ou encore l’ami Oil accompagné du flûtiste Magik Malik.
Plus près de nous, les Escales du Cargo (Arles) et les Voix du Gaou (Six-Fours) jouent une fois encore la carte du risque minimum en misant sur des valeurs sûres : Asaf Avidan, Détroit et la révélation allemande Milky Chance pour les premières, Fauve, Stromae, Placebo ou encore Massive Attack pour les secondes, qui nous gratifient cependant d’une soirée de clôture particulièrement intéressante (avec Acid Arab, Carl Cox, Gilles Peterson, pour ne citer qu’eux) dans l’écrin idyllique que constitue la presqu’île du Gaou.
Les amateurs d’électro seront quant à eux particulièrement gâtés, avec quatre grosses manifestations (sans compter les multiples soirées ponctuelles). A commencer par le plus britannique des festivals français, le Worldwide de l’élégant Gilles Peterson, qui convie sur les plages de Sète début juillet la crème de la scène électro (mais pas que), du downtempo de Peter Kruder ou Little Dragon au « vétéran » Theo Parrish, en passant par l’illuminé Connan Mockasin. Les Plages électroniques de Cannes offriront cinq soirées classées par thème, histoire de balayer le large spectre que représentent les musiques mixées : électro bass, « french focus » (Mr Oizo, Popof…), drum’n’bass, techno et une prestigieuse « back 2 back » (Laurent Garnier B2b Boys Noize, Erol Alkan B2b Daniel Avery). Et tandis qu’à Carpentras, le festival Kolorz frappera un grand coup pour sa cinquième édition (Gesaffelstein, The Hacker, Agoria, Derrick May…), le Positiv Festival offrira deux soirées du meilleur aloi, d’abord à Bellegarde dans le Gard, puis — surtout — à Marseille en août, où les espaces extérieurs du Dock des Suds accueilleront, entre autres, Disclosure, Jabberwocky ou encore Flume.
Hormis quelques dates disséminées çà et là dans divers festivals, les fans de hip-hop n’auront droit pour leur part qu’à un événement dédié. Mais quel événement ! Pour sa première édition, l’équipe niçoise de Check The Rhyme n’invite en effet que des pointures, essentiellement américaines : les incontournables Method Man & Redman bien sûr, mais aussi The Pharcyde, Mobb Deep, MF Doom…
Pour compléter ce tour d’horizon, notons les heureuses « incartades » pop du Nice Jazz festival (Metronomy, Har Mar Superstar, Cody Chesnutt, Cassius…) et la venue des rockers mariachis de Calexico aux Suds, à Arles, pour une date unique en France.

CC