Les Faux Tatouages de Pascal Plante

Les festivals de cinéma en ligne

Changement d’heure

 

La fermeture des salles de cinéma aurait pu mettre à l’arrêt la dynamique portée dans l’hexagone par les très nombreux festivals cinématographiques, qui nous offrent tout au long de l’année les occasions de découvertes passionnantes et inédites. Heureusement, nombre d’entre eux ont décidé de maintenir leur programmation en ligne : une occasion d’explorer certaines manifestations géographiquement éloignées. Petit tour d’horizon des propositions d’avril.

 

 

Nous nous en faisons l’écho depuis plusieurs mois dans ces colonnes, quant aux manifestations cinématographiques régionales : la fermeture des salles de cinéma n’a nullement marqué une suspension totale des activités festivalières. Si bon nombre d’événements ont certes pris la décision de reporter sine die leurs propositions en des temps plus cléments, pour de meilleures retrouvailles, beaucoup se sont emparés des outils numériques à leur disposition, telle la salle virtuelle La 25e Heure, désireux de faire vivre une édition pour le moins spéciale, mais souvent égrenée de splendides découvertes, qui nous rappellent que les films sont bien là, et que l’énergie créative, concernant l’image en mouvement, reste malgré les épreuves parfaitement intacte.

L’on peut soliloquer indéfiniment sur la pertinence de découvrir ces œuvres sur nos (petits) écrans — l’industrie cinématographique ne s’en prive d’ailleurs pas, la question demeurant au cœur des tous les échanges professionnels actuels —, il reste incontestable que cette option de diffusion a permis, et continuera de permettre, le partage d’opus précieux, de formes nouvelles, de regards protéiformes portés sur un monde en continuel mouvement.

Le cinéma va devoir désormais intégrer l’idée d’une large part de la diffusion des films via plateforme numérique. Et ce serait une grossière erreur de l’opposer frontalement au dispositif plus que centenaire de la salle obscure : il y a là les pistes passionnantes d’un travail commun dont pourront, enfin, bénéficier tous les gestes cinématographiques qui peinent à trouver leurs publics.

Soulignons par ailleurs que ces éditions virtuelles intègrent quelques qualités non négligeables, à commencer par la possibilité pour un public éloigné d’assister aux séances, ainsi qu’aux échanges qui les suivent. Si aujourd’hui, le dispositif festivalier du hic et nunc en est absent, il est envisageable pour certains organisateurs de maintenir à l’avenir une part virtuelle de leurs éditions, conjuguant avec intelligence ces deux dynamiques de diffusion.

Le public phocéen et régional peut ainsi aujourd’hui, et pendant encore quelques mois, assister aux manifestations cinématographiques hexagonales, qui ont décidé de se maintenir en ligne.

À commencer par le Festival 48 images seconde. Cet événement occitanien, plus précisément basé à Florac, se consacre à la découverte de la passionnante production québécoise et francophone. Pour sa douzième édition, l’équipe organisatrice s’est refusée d’annuler derechef, à l’instar de 2020, sa nouvelle proposition. Dont acte les 17 et 18 avril, pour une programmation réduite, certes, sous forme de Première partie, mais qui nous permettra de découvrir, sur la plateforme cineclub.cinemaquebecois.fr, les excellents opus que sont Il pleuvait des oiseaux de Louise Archambault, adapté du roman éponyme de Jocelyne Saucier, Les Faux Tatouages de Pascal Plante, portraits rock d’amours post-adolescentes, le très bon Curling de Denis Côté ou Je m’appelle humain de Kim O’Bomsawin. Soulignons que ce dernier opus, vibrant geste poétique au sein de la communauté innue, est distribué par Les Alchimistes, dont une partie du catalogue lorgne crescendo vers la production du Grand Nord américain : après le sémillant Jeune Juliette, la structure proposera à la réouverture des salles le très attendu, et somptueux, Kuessipan.

La plateforme La 25e Heure se fera quant à elle l’écho du festival guadeloupéen Nouveaux Regards, attaché depuis trois ans à la jeune création internationale et particulièrement caribéenne, singulièrement bouillonnante. Du 15 au 18 avril, la manifestation nous offre un chapelet de films inédits, d’A la deriva de Paula Curry Melo à American Dream de Nicolas Polixène et Sylvain Loubet, en passant par Zanmi de Nadia Charlery, Measure de Karen Chapman ou 76, l’éruption de la Soufrière d’Olivier Kancel, séances accompagnées d’échanges en présence des réalisatrices Paula Cury, Bénédicte Jourdier et Laure Hernandez.

Enfin, toujours via la salle virtuelle de La 25e Heure, The European Independent Film Festival (ÉCU) proposera du 9 au 11 avril un accès exceptionnel à ses soixante et onze films sélectionnés, en provenance de vingt-huit pays du globe. Une programmation ciselée et totalement inédite, qui mêle longs métrages, courts, documentaires, films d’animations, films d’étudiants et travaux expérimentaux.

 

Emmanuel Vigne

  • ÉCU – Le Festival Européen du Film Indépendant : du 9 au 11/04 en ligne sur La 25e Heure.
Pour en (sa)voir plus : https://www.ecufilmfestival.com/
  • Festival Nouveaux Regards : Du 15 au 18/04 en ligne sur La 25e Heure.
Pour en (sa)voir plus : https://www.nouveauxregardsff.com/
Pour en (sa)voir plus : https://www.48imagesseconde.fr/