De tête en cape de Balkis Moutashar © Mirabel White

Les Enfants d’abord

Pousses, au théâtre !

 

Aborder des sujets d’actualité ou nager dans les eaux troubles de l’inconscient, imaginer de nouveaux super-héros mais aussi se réjouir de la revanche des anti-héros, danser, chanter, jouer… voilà une aventure savamment orchestrée et follement enjouée que nous proposent les Théâtres au cœur de leur saison, dans un temps fort dédié à l’enfance.

 

Printemps précoce et hirondelles, ce ne sont pas moins de cinq spectacles qui vont animer les matinées et autres débuts de soirée de nos chers bambins — et les nôtres.

Envie d’espoir ? Mo, jeune Guinéen pour qui « l’Europe sera toujours plus loin de l’Afrique que l’Afrique de l’Europe », nous emmène dans une folle aventure à la Méliès. Ici, Marie Vauzelle et sept autres artistes compères racontent en direct et à vue sur le plateau un périple qui n’a rien de triste, dans un beau bric-à-brac qui n’est pas sans rappeler celui de l’enfance.

Plus sombre, et plus loin dans les méandres de l’âme et les tourments de l’âge fragile, L’Enfant d’Élise Vigneron, artiste marionnettiste désormais incontournable, s’inspire d’un conte de Maurice Maeterlinck pour nous emmener dans une installation théâtrale immersive, dans les recoins et espaces inconnus du théâtre.

Dans une veine plus classique mais non moins inventive, Sept d’un coup regorge d’un bonheur à partager en famille, en reprenant le conte du Vaillant Petit Tailleur des Frères Grimm sauce gribiche moderne. Une valeur sûre et assurée par l’expertise de la metteuse en scène accomplie qu’est Catherine Marnas, qui s’entoure ici d’acteurs impliqués et tout simplement bons.

Pour les plus jeunes et les poids plume, le duo dansé De tête en cape imaginé par Balkis Moutashar se lance dans une folle hybridation de héros, prend à rebrousse-poil le fameux dicton de la cape qui fait le héros, et réinvente avec beaucoup d’élan l’élégance de ceux qui sauvent le monde grâce à leurs super-pouvoirs.

Enfin, pour les parents qui voudraient initier leur progéniture ou s’initier eux-mêmes au plaisir du drame chanté, on se tournera vers l’opéra pour enfants que signent Isabelle Aboulker et Sébastien Davis, dans la version lyrique d’un des Contes du Chat perché de Marcel Aymé.

« Si les chenilles avaient des analystes, elles ne deviendraient jamais des papillons », écrivait Christiane Rochefort en 1976 dans Des enfants d’abord, ouvrage éponyme de la manifestation concoctée par les Théâtres. Affranchissant l’enfant des pressions adultes, capitalistes et consuméristes, on y revendique le droit à l’état de grâce de l’enfance. Donner vie, donner une forme, sans l’instrumentaliser ni l’asservir, voilà tout ce que revendiquent ici ces artistes, jeunes et/ou confirmés, loin de vouloir expliquer la vie à ceux qui débutent la leur.

Si nous en sommes aussi convaincus, ce festival nous l’offre pour expérience : il y en aura pour tous les goûts et toutes les ossatures, alors sortez de vos cocons, croquez, mangez et, surtout, restez libres d’imaginer !

 

Joanna Selvidès

 

Les Enfants d’abord : du 22/02 au 8/03 au Théâtre du Gymnase (4 rue du Théâtre Français, 1er) et au Théâtre des Bernardines (17 boulevard Garibaldi, 1er).

Rens. : 08 2013 2013 / www.lestheatres.net

Le programme complet du temps fort « Les Enfants d’abord » ici