Joce Mienniel

Les Émouvantes au Théâtre des Bernardines

L’instant mouvant

 

Le festival Les Émouvantes propose une sixième édition basée sur la « poétique du mouvement ». L’évènement, désormais sis aux Bernardines, aligne parmi les plus redoutables musiciens improvisateurs issus des quatre coins de l’hexagone dans une quête de la dynamique fondamentale de la vie.

 

Dirigé par l’incontournable contrebassiste Claude Tchamitchian, le festival s’apparente à un laboratoire des sons les plus contemporains issus de recherches musicales que d’aucuns associent un peu trop rapidement au jazz le plus free. Et pourtant, nombre des artistes présents sont issus de l’univers des notes bleues, et le pratiquent encore avec avidité. On attend ainsi avec impatience la nouvelle création d’Andy Emler : le pianiste de renommée internationale s’est vu offrir l’occasion de construire une proposition musicale d’exception suite à une commande de Tchamitchian, avec qui il a déjà partagé nombre de projets. Connaissant son appétence pour les groove les plus endiablés, on ne peut qu’espérer une orgie de notes des plus explosives. Et qu’attendre de la performance de Joce Menniel, lauréat d’une Victoire du jazz en 2016 ? Le flûtiste jouera ici avec des écrans, jonglant avec les émotions que ne manqueront pas de susciter le souffle spirituel de son instrument. Quant au Large Ensemble du violoniste Régis Huby, s’il prend les contours d’un big band, il n’en est pas moins constitué des musiciens parmi les plus allumés, parmi lesquels, entre autres, le légendaire guitariste Marc Ducret ou encore le sémillant (contre)bassiste Guillaume Séguron.

C’est qu’il s’agit ici de se saisir de codes de l’instant, de déprogrammer les consciences musicales en quelque sorte. À cet effet, le concert du septet conduit par le violoniste Dominique Pifarély devrait receler plus d’une pépite poétique. Maniant des registres d’improvisation issus de multivers musicaux, ce dernier est attendu par plus d’un-e fan dans une cité phocéenne où l’improvisation n’est pas un vain mot. Comment résonneront les percussions de Le Quan Ninh dans son hommage à John Cage ? Retrouvant l’essence rythmique de l’humanité, l’artiste convoquera ici les mannes du plus barré des compositeurs. Paradoxalement, le festival s’ouvrira autour d’un duo d’exception : la rencontre (réitérée depuis plus de vingt ans) entre le contrebassiste Barre Philips et le danseur Julyen Hamilton devrait être le manifeste poétique de cette édition 2018.

Encore une fois, le festival Les Émouvantes, en offrant une tribune artistique aux plus barrés des musiciens improvisateurs, apporte sa pierre à l’émancipation de nos corps et de nos esprits.

 

Laurent Dussutour

 

Les Émouvantes : du 26 au 29/09 au Théâtre des Bernardines (17 boulevard Garibaldi, 1er).

Rens. : 06 11 21 40 94 / http://tchamitchian.fr

Le programme complet du festival Les Émouvantes ici