Les Elancées : du 27/01 au 7/02 à Istres, Miramas, Fos-sur-Mer, Grans et Port-Saint-Louis-du-Rhône

Les Elancées : du 27/01 au 7/02 à Istres, Miramas, Fos-sur-Mer, Grans et Port-Saint-Louis-du-Rhône

L’Ouest s’envoie en l’air

Svelte et aérien. On dirait mon portrait… Pas du tout, c’est celui des Elancées, festival des arts du geste dont la douzième édition promet son lot de sensations fortes.

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Comment ça, vous ne connaissez pas le festival des Elancées ? Douzième édition, ça commence à compter tout de même. Effectivement, ce n’est pas à Marseille. Raison de plus pour qu’on en parle. Mais la raison principale est ailleurs. Où ça, à Istres, Fos-sur-Mer, Miramas…? Certes, mais le principal est ailleurs. Une quinzaine de spectacles, sept compagnies internationales et trois locales, des spectacles axés sur le cirque et la danse, bref, de quoi satisfaire un large public. C’est d’ailleurs la recette « maison » qui fait le succès du festival depuis onze ans : une programmation variée, originale, mais accessible à tous, une diffusion sur plusieurs communes de Ouest Provence, associée à la rencontre du jeune public et des artistes à travers une sensibilisation dans les écoles. L’enfant au cœur de la démarche, voilà le credo. Et ce n’est pas un vœu pieu puisque Bach à Sable s’adresse aux tout-petits à partir de 18 mois. A l’instar du Roi penché de Carolyn Carlson, que l’on ne présente plus (mais finalement si — cf. infra), spécialement dédié au jeune public. Toujours au rayon danse, le hip-hop se fera une place de choix avec trois spectacles, tandis que le Théâtre de l’Olivier proposera une drôle de Zoopsie Comedi musicale (cf. infra). Vous pourrez aussi partir en voyage initiatique aux pays des Farfalle, découvrir un album de Coloriage grandeur nature et dédié à l’enfant (mais puisqu’on vous le dit) ou grimper au paradis en compagnie d’Aracaladanza. Côté cirque, ça va envoyer du lourd avec, entre autres, la dernière création d’Archaos, que l’on ne présente plus (mais finalement si – cf. infra), Le Grand C qui envoie en l’air dix-sept acrobates (cf. infra) et les Vietnamiens de Lang-Toi qui marchent sur des bambous et ça leur va bien. La suite du programme prévoit un duo aérien et saugrenu détournant les objets dans un Bal Caustique, une compagnie de saltimbanques virtuoses sur fond de musique tsigane (Rasposo), la visite d’un Trippo où se mêlent acrobaties et tours de magie, ou encore une heure de fous rires (Ha ha ha !).
Alors d’accord, c’est un peu loin. Mais avec une bonne prise d’élan, un petit covoiturage, et peut-être une rencontre à la clé, les élancés pourraient devenir enlacés, qui sait ?

Texte : Yves Bouyx
Photo : FLoD

Les Elancées : du 27/01 au 7/02 à Istres, Miramas, Fos-sur-Mer, Grans et Port-Saint-Louis-du-Rhône. Rens. www.scenesetcines.fr

LA SELECTION DE VENTILO

Zoopsi Comedi (Cies Lolita et Beau Geste)
elances-Zoopsie-comedi.jpgLa Zoopsie comedi, c’est un fantasme né de la collaboration de deux compagnies (Lolita et Beau Geste). Dans l’euphorie des années quatre-vingt, les chorégraphes ont décidé de sortir la danse du carcan du pas compté pour l’amener vers le théâtre, les arts plastiques, le music hall et réécrire la formidable histoire de la scène. Dans le prolongement du travail innovant de Philippe Decouflé avec Codex et du K.O.K. de Régine Chopinot avec les costumes de Jean-Paul Gaultier, Zoopsie comedi s’attache les services de Christian Lacroix, qui impose, par là même, les contraintes du costume et des coiffures à la liberté du geste. L’un dans l’autre, un festival de couleurs et de nuances baroques dessine le synopsis d’un cabaret démesuré où les codes du cirque nouveau, du hip-hop et du contemporain s’entremêlent dans un joyeux bordel. L’histoire d’un magicien amoureux d’une fée est un prétexte à la démultiplication des situations et des lieux de rencontres consacrant, de fait, le retour du kitsch et de l’insouciance.

Texte : KGB
Photo : Dan Aucante

_Le 30/01 au Théâtre de l’Olivier (Istres)

Le Grand C (Cie XY)
elances-Le_Grand_C.jpgLes portés sont une affaire de duo, un costaud et un poids plume, un chromosome X qui transpire en-dessous, et un autre Y qui s’envoie en l’air. En 2005, la compagnie XY décide qu’il est temps de partouzer ce beau monde et rassemble sur une même scène dix-sept acrobates, porteurs et voltigeurs. Tous ces duos fusionnent dans une proposition artistique mêlant lancés, chutes, propulsions, constructions et pyramides humaines, se jouant de l’apesanteur dans un ballet acrobatique. Les énergies se combinent pour expérimenter les audaces possibles des portés et des envols. Une démarche Collective où tout est question de Confiance, avec un Grand C. Il paraît que c’est renversant.

Texte : YB
Photo : Raynaud De Lage

_Le 2/02 à 20h30 au Théâtre La Colonne (Miramas).

Le roi penché (CCN Roubaix- Nord Pas-de-Calais)
elances-Le_roi_penche.jpgCarolyn Carlson, c’est une silhouette et un visage. On lui associe la grâce et l’aisance d’un corps né pour la danse. Avec l’écrivaine Marie Desplechin, deux sensibilités se côtoient et envisagent un point de rencontre autour de l’idée du conte pour enfant. Travailler sur le merveilleux, c’est une manière d’envisager l’instant, l’incertitude et la liberté du récit pour marier le geste et la parole. Rien n’est figé, des esquisses de dessins se télescopent avec des ébauches d’histoires, des ateliers d’improvisations posent une chorégraphie des pas sur l’élaboration d’un sentiment. Carolyn Carlson et Marie Desplechin ont un faible pour les haïkus, ces associations de phrases qui développent une poésie sans morale, ni point de vue, une ébauche de l’art qui se manifeste avant d’en comprendre tout le sens. Dans l’éphémère, il y a la vibration de l’instant, ce qui donne la chair de poule.

Texte : KGB
Photo : Frédéric Iovino

_ Le 2/02 au Théâtre de l’Olivier (Istres)

In Vitro 09 (Cie Archaos)
elances-In-vitro.jpgPiste de cirque transformée en cage d’acier chromée, roulements de tambours électroniques, garçons de piste devenus laborantins… : In Vitro échafaude un cirque résolument contemporain. Les artistes, poils, plumes ou blouses médicales incarnent les habitants d’un laboratoire qui s’adonnent au clonage d’êtres mi-hommes mi-animaux. Le savant fou, figure de metteur en scène ou de formateur tyrannique, pris dans un désir contradictoire d’Eros et de Thanatos sur ses créatures, tente de trouver l’être parfait, mais finira criblé de balles de jonglages. Dans une esthétique « bilalienne », In Vitro commence comme une tragédie mais se termine dans l’intimité d’une histoire d’amour naissante. Avec cette création, Archaos place de jeunes artistes sortis des grandes écoles de cirque européennes, brésiliennes et même guinéennes face à leur propre statut : celui de jeunes « produits » dont on peut facilement façonner le corps et l’esprit au risque d’en faire des moutons ou des autruches et dont la fougue pousse au vice de la performance. Intrigué par la naissance de Dolly en 1996, Guy Carrara, qui partage la mise en scène avec Raquel Rache de Andrade, défend ici que « l’artiste de cirque n’est pas un gladiateur que l’on sacrifie et remplace au jour le jour par une créature plus compétitive sortie du laboratoire. » Loin de ses débuts trash, punk & rock’n’roll de la fin des années 80, Archaos défriche son langage au profit de la narration et au péril de la poésie des corps et de la personnalité des artistes. In Vitro flirte avec une dramaturgie théâtrale via des artistes qui, bien que touchant à beaucoup de disciplines, ne sont pas des acteurs. L’invention d’une dramaturgie purement circassienne reste encore en suspens. Cependant, le propos, qui s’attache à défendre la fragilité et la différence contre toute forme de tyrannie de rentabilité, de compétitivité et de performance, nous touche et nous donne à voir l’inventivité, la sensualité et la finesse de ces jeunes artistes internationaux.

Texte : Coline Trouvé
Photo : Philippe Cibille

_Les 5 & 6/02 au Théâtre de l’Olivier (Istres)
(A voir également à Marseille au CREAC mercredi 27/01)