Les DVD de l'année 2009

Les DVD de l'année 2009

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    Antonio das mortes (Brésil – 1969) de Glauber Rocha
    Autre événement dans l’édition DVD, cette année : la sortie de l’un des films-phares du grand cinéaste Glauber Rocha, fer de lance du Cinéma Novo, équivalent brésilien, dans les années 60, de la Nouvelle Vague française. Un cinéma qui se confronta directement, et violemment, à la censure d’Etat, et qui a pu trouver écho sur la scène internationale, en l’occurrence lors du Festival de cannes, en 1969, où le film fut récompensé. Tourné avec un manque de moyens évident, cette œuvre est une réelle prise de conscience du mercenaire Antonio das Mortes (et donc du spectateur) sur les injustices de son pays.

    La Chine (Italie – 1972) de de Michelangelo Antonioni (Carlotta)
    Une rareté a enfin vu le jour, cette année, chez Carlotta (encore !). Début des années 70, Michelangelo Antonioni reçut l’autorisation de réaliser un documentaire en Chine, en pleine révolution culturelle, conduite par un Mao triomphant, et son épouse féroce, Jiang Quin. Cinq semaines de tournages pour une œuvre fleuve qui allait durer quatre heures. Le résultat déplut fortement au gouvernement chinois, qui lança une invective violente contre le réalisateur de La Notte, considéré dès lors comme ennemi de la révolution profondément anti-chinois. Un épisode qui souleva de vastes remous entre le maoïsme et les intellectuels occidentaux.

    • Coffret Douglas Sirk (Carlotta)
    Indéniablement, Carlotta emporte cette année la palme de l’éditeur le plus créatif, le plus exigeant, le plus inspiré, tout autant dans sa ligne éditoriale que dans le soin apporté aux éditions. Avec comme point d’orgue le travail réalisé autour de l’œuvre de Douglas Sirk, cinéaste du « primitif », comme lui-même aimait à le rappeler. Huit DVD, quatre films majeurs, de très nombreux bonus, au détour desquels on retrouve un Jean-Luc Godard pétri d’admiration pour ce cinéaste immense et trop souvent sous-estimé.

    Entourage saison 4 (USA – 2007) de Doug Ellin (Warner)
    Série culte aux USA, où elle fait les beaux jours de HBO depuis six ans, Entourage jouit d’une relative notoriété en Europe — grâce au téléchargement — n’arrivant pas à s’imposer entre diffusion confidentielle sur le câble et distribution erratique. Si vous avez peur d’Hadopi, jetez-vous sur les DVD de cette magnifique série qui retrace le parcours du craquant Vincent Chase, jeune acteur new-yorkais lâché dans l’arène hollywoodienne avec sa bande de potes, qui érige la « coolitude » au rang d’art.

    Hunger (GB – 2008) de Steve McQueen (MK2)
    Mk2 soigne la sortie DVD de l’une des grandes surprises cinématographiques de ces dernières années. Ce passage sur galette retranscrit fidèlement le travail de Steve McQueen, connu jusque-là pour sa carrière d’artiste plasticien. L’univers glacial et visuellement somptueux du film — le combat désespéré du prisonnier de l’IRA Bobby Sands, pour la reconnaissance de son statut de prisonnier politique — est restitué ici avec une profondeur visuelle qui respecte à la lettre l’énorme engagement photographique dont fait preuve l’œuvre du cinéaste.

    Kes (GB – 1969) de Ken Loach (Paradoxe)
    Paradoxe réédite le premier opus d’un jeune cinéaste, tout encore empreint de l’influence majeure qu’exerça le Free Cinéma sur la création anglo-saxonne. Qui signe peut-être sa plus belle œuvre, la plus brute, la plus épurée, la plus humaniste. En filigrane de l’histoire de Kes, jeune garçon rejeté par son entourage, dont tout l’amour est reporté sur un jeune faucon tombé du nid et adopté, c’est toute la mutation de la société anglaise que Loach exprime, celle-là même qui allait connaître quelques années plus tard les sombres années de l’époque thatchérienne.

    Le petit fugitif (USA – 1953) de de Morris Engel, Ruth Orkin & Raymond Abrashkin (Carlotta)
    Lion d’argent à Venise en 1953, ce bijou trop méconnu a connu cette année une résurrection inespérée, orchestrée par les incontournables stakhanovistes de Carlotta Films. Un opus qui nous plonge dans le Brooklyn des années 50, et qui fait partie des chefs d’œuvres jamais réalisés sur l’enfance, aux côtés des 400 coups de Truffaut ou de L’enfance nue de Pialat. Le jeune Joey est faussement convaincu d’être à l’origine de la mort de son grand frère. S’enfuyant dans le désordre urbain, il passe une journée et une nuit d’errance faites de découvertes, de remords et de rencontres.

    Ponyo sur la falaise (Japon – 2007) de Hayao Miyazaki (Warner Bros. Pictures/Heyday Films)
    Ecologique au sens littéral, ce film décline une gamme de symboles allant de la biologie (représentée comme un explorateur et protecteur des mers, elle s’apprête à réagir à la pollution des hommes en précipitant la montée des eaux) à la vitalité (Ponyo, le petit poisson dont tout le corps se développe à mesure qu’elle fait la connaissance d’un gentil petit garçon). Tout comme dans Fantasia, la musique classique implique un retentissement universel : cosmique. Et le dernier film de Myiazaki est effectivement un hommage à la grandeur de la nature.

    Tonnerre sous les tropiques (USA – 2008) de Ben Stiller (Paramount Pictures France)
    Quand Ben Stiller et consorts jouent les stars déboussolées sur le tournage d’un film de guerre « ultra-réaliste » (caméras numériques sensées être cachées dans la jungle), la mise en abîme est totale : aucun risque réel ne rivalise avec celui de « mal passer à l’image ». En conséquence de quoi, l’acteur se livre spontanément à un « making of » hilarant où il continue à jouer même dans son intimité, au cas où « ça tourne ». Ajoutons un autre « making of » aussi fictif que le premier en bonus blu-ray et on aura passé cinq heures en très bonne compagnie.

    WALL-E (USA – 2008) de Andrew Stanton pour les Studios Pixar (Buena Vista Home Entertainment)
    Divertissement mettant en scène, sur une Terre devenue invivable pour les humains, une histoire d’amour entre un vieux robot compacteur de déchets et une « robote » moderne évaluant la végétation des planètes visitées, ce nouveau chef-d’œuvre des studios Pixar met aussi en garde les industriels et citoyens pollueurs que nous sommes des risques que nous faisons courir à notre planète. En prime, des bonus originaux entre coulisses du tournage et dossier sur le design sonore dans l’animation.