Isabelle Stengers

Les conférences d’Opera Mundi

Du temps pour le temps

 

Entre le FRAC, l’Alcazar et les lycées marseillais, Opera Mundi veut développer une réflexion collective via sept conférences autour d’un thème brûlant d’actualité : le climat. Tour d’horizon.

 

Créée bénévolement fin 2014 par Cécile Arnold (ancienne chargée de communication de l’association Echange et Diffusion des Savoirs) et Eric Giraud (actuellement employé au Centre international de Poésie Marseille), Opera Mundi désire « inviter le meilleur de la pensée » pour transmettre des savoirs, des données scientifiques, mais aussi des émotions par des « événements, des lieux de réunion collective ».
Plus qu’à un simple cycle de conférences, Cécile et Eric ont œuvré à mettre en place une véritable « revue vivante » abordée de façon pluridisciplinaire, afin de « traduire au mieux la complexité du monde ». Choisir le climat comme premier thème n’est pas anodin. A la fois pour faire suite à l’actualité de la COP21, mais aussi parce qu’il s’agit d’une thématique au carrefour de nombreux questionnements. Opera Mundi estime que « le public est en demande de sens » à l’heure d’une temporalité instantanée où l’intensité du flux médiatique envoie de nombreux messages contradictoires, pouvant être un frein à la réflexion, comme ce fut justement le cas pour la COP21 en fin d’année dernière. Une des premières volontés de l’association est donc d’offrir des moments où « le temps s’arrête » afin de « construire une réflexion qui se développe dans le réel », « comme une conversation » que l’on reprendrait à l’occasion de chaque conférence.
Le récit développé par la programmation a débuté en janvier et février « sur des sujets plus pragmatiques », en tentant par exemple d’expliquer le mode de gouvernance des négociations internationales sur le climat. Lors de la prochaine conférence programmée à l’Alcazar, l’océanologue Jean-Pierre Féral nous renseignera sur les mutations irréversibles que subissent les mers du globe. Un sujet plus scientifique, mais toujours concret, qui nous concerne directement, nous, habitants du littoral.
La seconde moitié de la programmation évoluera vers un questionnement plus philosophique, avec notamment l’intervention d’Isabelle Stengers, qui interrogera nos pratiques et la science elle-même, prouvant nécessité de « trouver des récits et des lieux pour communiquer le changement » et traiter les données scientifiques afin de permettre un « penser collectif ».
La notion de réflexion collective revient souvent dans notre entretien avec l’équipe d’Opera Mundi, qui se pense comme un projet politique « partisan du fait que le savoir soit transmis », mis en place par exemple via des interventions dans des lycées marseillais (La Fourragère, Daumier..), en initiant les élèves à la pratique de la conférence, du débat et de la prise de parole en public.
Mais loin de tout pessimisme, Opera Mundi voit dans les changements dont le XXIe siècle sera le témoin « une ère de transition ouvrant un champ des possibles ». Jusqu’au dix-sept mai prochain, le champ est donc grand ouvert à la réflexion, et elle se poursuivra sur de nouvelles thématiques au deuxième semestre 2016. A bon entendeur.

Antoine Bruneton

 

Prochaines conférences

  • « La mer et le changement de climat : admettre l’inéluctable pour s’adapter » par Jean-Pierre Féral (écologue), le 12/03 au FRAC PACA (20 boulevard de Dunkerque, 2e).

  • « Et nous avons désespérément besoin d’autres histoires » par Isabelle Stengers (philosophe des sciences), le 19/04 à la BMVR Alcazar (58 cours Belsunce, 1er).

Rens. : www.opera-mundi.org