Les concerts de l'année 2009

Les concerts de l'année 2009

bilan-musique-2009.jpg

    • Triclops (le 15/04 à l’Embobineuse)
    L’une des grosses claques de l’année : un groupe de San Francisco à situer quelque part entre Jane’s Addiction et At The Drive-In, dans une lignée post-hardcore (pour l’énergie) mais avec des accents progressifs (dans les constructions). Ce soir, les musiciens sont tous excellents, mais c’est surtout le chanteur qui retient l’attention : un gamin qui se roule par terre dans la fosse, se cramponne aux jambes des auditeurs médusés, fait du yo-yo avec son micro, et bien sûr, hurle comme un damné (ou joue avec des effets sur sa voix). De l’adrénaline pure.
    • Coco Rosie (le 25/04 au Théâtre du Gymnase)
    Le premier concert des sœurs Cassady au Poste à Galène avait été une claque (parce qu’inédit, parce que jauge intimiste). Le deuxième au Cabaret Aléatoire avait déçu (parce que redite, parce que conditions d’écoute). Sans rien en attendre, on est donc allé au Théâtre du Gymnase… et cet écrin s’est révélé merveilleux pour apprécier au mieux le talent énorme des deux filles, épaulées d’une troisième, pieds nus et main dans la main. Du balcon, on surplombe la magie, une harpe et quelques machines, des projections. Show à la fois lyrique et totalement hippie.
    • Lightning Bolt (le 27/05 à Montévidéo)
    Caniculaire, jouissif, assourdissant, lancinant et si violent… Difficile de restituer toutes les impressions ressenties lors de ce concert que l’équipe de Data co-organisa. Il y avait les fidèles, collés par dizaines aux musiciens (deux sauvages masqués, « simplement » armés d’une basse saturée et d’une batterie), et les turbulents qui dansaient plus loin, ceux-ci ayant choisi de se passer de boules Quiès… Au final, on retiendra la communion totale du public, en particulier celui du GRIM qui se lâcha totalement. Vertus du bruit ?
    • Mahjongg (le 27/05 à la Bergerie)
    Chaque année, le festival B-Side est une usine à bons concerts, catégorie « j’aime la pop moderne et j’assume tout, même les groupes les plus tarabiscotés du moment. » Au printemps, les filles de l’association In The Garage n’ont pas déçu, à l’Embob’ (Icy Demons, NLF3) ou encore à la Bergerie, un espace mode réquisitionné pour accueillir l’une des sensations du rock arty américain : Mahjongg. Quoi donc ? Un batteur, des machines et du fun, le tout au service d’une pulsation tribale qui ne ressemble, pour l’instant, à rien de connu.
    • La Méthode (le 29/05 à l’Affranchi)
    Avec La Méthode sur scène, on ne s’ennuie jamais. Les voix bondissent, interpellent, se répondent, les mots jaillissent et les idées bouillonnent. Impossible de résister à cette énergie contagieuse transmise par les quatre Mc’s du groupe, qui apportent au hip-hop français un souffle salvateur, un élan de fraîcheur rare depuis le Saïan Supa Crew. Ils sont de Marseille mais ne font pas de rap marseillais : merci ! Avec l’expérience acquise en 2009, l’avenir du hip-hop français leur appartient.
    • Festival « Un piano à la mer » (les 11, 12 et 13/09 à l’Estaque)
    Arrimé sur trois jours dans la baie de Corbières, à l’Estaque, ce petit festival mérite la palme de la singularité. Entre théâtre, opéra (une diva, à terre, donne la réplique à un piano qui arrive sur un radeau illuminé en mer) et concert festif (invitation d’une fanfare par jour sur la plage), cette proposition transversale a su trouver un large public en donnant à la fois à voir et à entendre. Fidèle à sa démarche d’appropriation de lieux inédits et d’adaptation des outils de l’art de rue à la musique, la compagnie La Rumeur a encore une fois frappé un grand coup.
    • Amolvacy + TV Buddhas + The Room (le 26/09 à l’Embobineuse)
    Certains préfèrent se souvenir des deux excellents batteurs d’Amolvacy et de leur chanteuse, trouvant que le duo israélien TV Buddhas n’avait rien d’original, sans en percevoir la grâce et le charisme dévastateurs… Et si d’autres regrettaient d’avoir vu en The Room (Jean-Marc Montera et Anything Maria) un groupe de complaisance, en lieu et place du duo qui allait les jeter dans une transe de trois quarts d’heure, on ne s’attendait pas à ce que l’Embobineuse soit à ce point transfigurée par la venue du GRIM chez elle.
    • Sam Karpienia (le 24/10 à la Fiesta des Suds)
    La salle du Hangar à Sucre avait pourtant été chauffée par la prestation euphorisante des papys de Staff Benda Bilili, bien plus expressifs en fauteuils roulants que nombre de leurs pairs à la Fiesta. Pourtant, c’est devant un auditoire clairsemé que Sam Karpienia, ex-chanteur de Dupain, vint ensuite présenter son projet en solo. Enfin, en trio : deux mandolinistes en mode working class hero, un batteur. Le rock’n’roll et le flamenco (cette voix…) accouchent d’un constat : à côté de Moussu T, le futur du folklore marseillais se nomme désormais Sam.
    • Do Make Say Think (le 5/11 à Montévidéo)
    C’est tout le temps pareil avec les gens du label canadien Constellation : ils ne ressemblent à rien. Hey les gars, quand on monte sur scène, on s’habille… Sauf que cette attitude est ici un acte de résistance : seule la musique compte. Des individus très différents mais réunis autour d’une même cause : le rock « indépendant » au sens noble. Avec une idéologie – presque une secte. Et ce concert alors ? Grandiose : introduite par deux projets annexes, une symphonie rock en plusieurs mouvements de quinze minutes en moyenne. Plus c’est long, plus c’est bon.
    • Massive Attack (le 18/11 au Dôme)
    On ne gardait pas spécialement un bon souvenir de leur dernier concert au Dôme : comment réussir à retranscrire sur scène ce qui a fait ses preuves dans les salons et les chambres à coucher ? Désormais réuni autour de deux des trois membres fondateurs, le collectif anglais a entériné son virage cold-wave : sur scène, c’est un monstre métallique aux basses dantesques, épaulé par un vrai groupe et des visuels déments. En fait, depuis Mezzanine, Massive Attack ne fait plus de la musique « noire » mais de la musique « blanche ». White light/white heat.