Les Beaux Gosses - (France - 1h30) de Riad Sattouf avec Vincent Lacoste, Anthony Sonigo…

Les Beaux Gosses – (France – 1h30) de Riad Sattouf avec Vincent Lacoste, Anthony Sonigo…

Du sexe et du sébum

cine-Beaux-Gosses.jpgDès le générique des Beaux Gosses, on entrevoit ce qui, mal maîtrisé, aurait pu rendre lassante la découverte par ailleurs jubilatoire du premier film de Riad Sattouf : un effet « cinéma-vignette », où les saynètes plus ou moins drôles se succèdent jusqu’à épuisement du spectateur. Et, en effet, le cinéaste n’évite pas, parfois, l’écueil du collage anodin, superposant des séquences juste pour le plaisir de placer un plan ou tel effet comique. Qu’on se rassure pourtant : ce péché de jeunesse ne nuit en rien au précieux Beaux Gosses, premier « teen-movie » français digne de ce nom à ne pas sombrer dans une niaiserie crasse et à associer une justesse de regard à de louables ambitions formelles. Le pitch est aussi simple que celui d’un porno bon marché : Hervé et Camel sont au collège et n’ont qu’une obsession : se faire dépuceler, vite (pour le « bien », on verra plus tard). La critique a tôt fait de comparer Sattouf à ses brillants homologues américains de la galaxie Apatow. C’est tentant, mais un peu réducteur. Si le cinéaste connaît parfaitement le « teen-movie » au sens large, il a surtout compris que sa beauté réside dans la proximité avec le cinéma fantastique. De Rusty James à Supergrave, les réussites du genre ont su donner une chair réaliste et émouvante à ces êtres étranges, justement en les filmant comme des monstres. Sattouf fait de même, composant par petites touches un collège de fiction où l’on ne mange que des bananes et où tout semble marqué du sceau de l’intemporalité. Cela donne un cocktail à la fois hilarant (mention spéciale à Noémie Lvovsky en mère dépressive) et subtil où rien ne nous est épargné : ni la crudité des rapports amoureux, ni l’extrême cruauté des adolescents entre eux. Hyper drôle et super grave.

CR