Ex Nihilo © Martine Derain-Ex Nihilo

Les 20 ans d’Ex Nihilo

Ensemble, c’est tout

 

Portée par Anne Le Batard et Jean-Antoine Bigot depuis 1994, la compagnie Ex Nihilo se veut l’expérience en friche d’un travail de profanation de l’acte dansé. Retour sur vingt ans de confrontation du corps au réel, à l’humain, à l’aléa, mais surtout au bitume.

 

« Ex Nihilo, c’est un sillon que l’on a creusé. » Depuis vingt ans, la compagnie développe une réelle connaissance du rapport entre le corps et son environnement, intégrant la danse dans l’espace public de manière non intrusive, toujours dans l’échange. Aujourd’hui, le terrain de jeu s’est agrandi et l’on sent une pointe d’amusement lorsque Anne évoque les premiers espaces publics où le collectif s’est aventuré, si exigus selon elle. Ex Nihilo a ainsi construit une aventure à l’épreuve des corps, mais aussi de l’espace et du temps.
« Lorsque l’on vit l’expérience Ex Nihilo, on use les corps dans le beau sens du terme, sur le trottoir. II y a une absolue nécessité de dire que de toute façon, dehors on est ensemble, parce que c’est comme ça qu’on est fort et visible, il y a une évidence à la connivence. » L’énergie qui se dégage de la danse d’Ex Nihilo est empreinte de toute la dureté de l’espace urbain, solaire et usée par le bitume, une énergie d’un noir lumineux.
« Avant d’être danseur, on est des gens dans un espace. La danse est juste un moyen d’exprimer ce que l’on vit intimement dans notre compréhension à l’environnement. On ne joue pas de canular, on est des danseurs dans la rue et on travaille. »
L’histoire d’Ex nihilo est une suite logique, construite au fur et à mesure des épreuves de danse in situ. De nouveaux regards et de nouvelles perspectives se profilent à chaque fin de création. Ainsi, en réponse à sa pièce phare, Trajet de vie, trajet de ville, dont l’idée était de confronter la danse à la foule et de travailler sur les aléas qu’elle induit, la compagnie a monté le projet Apparemment ce qui ne se voit pas. Une façon de se confronter « aux espaces délaissés et ainsi répondre à notre postulat de départ : comment des espaces différents vont-ils influencer ma danse ? » De cette dernière création est né un livre éponyme mis en image par la photographe et plasticienne Martine Derain, amie de la compagnie.
Ex Nihilo, ce sont des danseurs humbles, qui aiment se confronter aux aléas de la vie : « Lorsqu’on choisit le lieu, on recherche quel est le sens de lecture, où est le regard. Où est le spectateur ? Doit-on le convoquer ou le saisir ? Et puis, à un moment, le sens du lieu s’impose… On aime être interrompu, le danseur doit avoir envie d’établir un rapport particulier avec le spectateur… »
Ex Nihilo, c’est vingt ans d’activisme pour la danse dans l’espace public. Une danse qui se confronte, qui prend des risques, sans jamais revendiquer rien d’autre que l’importance du corps dans l’espace. « Je ne fais pas ça pour le public, je suis là, dans le geste gratuit et je m’use, car je dois le faire. »

Elise Lavigne

 

Les 20 ans d’Ex Nihilo : le 17 et 18/09 à Klap, Maison pour la danse (5 avenue de Rostand, 3e).
Rens. : 04 96 11 11 20 / www.kelemenis.fr

Prochaines dates : Présentation du livre Apparemment ce qui ne se voit pas le 10/10 à l’Espace Sénac (6/8 rue Sénac, 1er), précédée à 18h par une représentation de Trajets de vie devant la Mairie des 1/7

Pour en savoir plus : www.exnihilodanse.com

Tout le programme des 20 ans d’Ex Nihilo jour par jour ici